Ca fait très longtemps que je ne vous ai pas parlé d'un livre, mais celui-ci je ne voulais pas passer à côté, parce que ça a été un réel coup de coeur. C'est un lecteur qui me l'a conseillé sur mon blog musique classique (à quoi ne sert pas un blog?), et je l'en remercie. Ca s'appelle Les Variations Goldberg, et c'est écrit par Nancy Huston. Voici comment elle décrit elle-même son oeuvre en quatrième de couverture:
"Si tu invitais trente personnes chez toi, des êtres que tu as aimés et que tu aimes, pour t'écouter jouer au clavecin, pendant une heure et demie, Les Variations Goldberg de Bach, et si ce concert se déroulait comme un songe d'une nuit d'été, c'est-à-dire si toi, Liliane, tu parvenais à faire vibrer ces trente personnes comme autant de Variations, chacune à un diapason différent, peut-être alors tous tes fragments de musique s'animeraient-ils enfin dans une même coulée, et cela s'appellerait Les Variations Goldberg, romance."
Les Variations Goldberg de Bach sont au nombre de trente, avec un air d'ouverture et un air de conclusion. Sur cette trame, Nancy Huston nous fait vivre un concert de chambre avec trente personnes qui ont toutes pour point commun le fait de connaître la pianiste. Ce sont son mari, des ancien(ne)s amant(e)s, des amis et amies, les époux et épouses, de la famille, des connaissances plus ou moins proche, trente personnes qui vont chacune leur tour nous laisser visualiser le fil de leur pensée au fur et à mesure que le concert avance.
Au début on peut penser que ça va partir un peu dans tous les sens, on peut craindre une suite de trente monologues sans rapport aucun. Mais ces monologues intérieurs sont tous cadrés par la musique, et ils finissent par s'inter-mêler les uns les autres, créant à leur insu une musique, une histoire. C'est passionant de voir ce qui passe dans la tête des gens pendant un concert. J'ai vraiment beaucoup aimé cette romance.
Une citation? J'ai cherché un extrait court qui pourrait caractériser la romance, ou un extrait qui m'aurait plu plus que les autres, mais j'ai coché tellement de pages que je n'arrivais plus à me résoudre à faire un choix. Alors je vous donne en pâture les premières phrases (par la pianiste elle-même, qui joue l'air d'ouverture et l'air de conclusion), en espérant que ça vous donnera envie d'aller plus loin:
"Maintenant c'est commencé et ça ne pourra plus s'arrêter, c'est irrémédiable, un temps s'est déclenché, a été déclenché par moi et doit être soutenu par moi pendant sa durée obligée. Je suis à la merci de ce temps désormais, je n'ai plus le choix, il faut que je le parcoure jusqu'au bout. Une heure et demie et des poussières. Ca n'a rien à voir avec une heure et demie de sommeil, ou de conversation, ou de cours magistral. Je n'ai pas le droit de me retourner pour sourire aux gens dans la salle, je ne dois penser qu'à mes doigts, et même à eux je ne dois pas vraiment penser. Sinon je sais qu'ils deviendront des bouts de chair, des boudins blancs, petits porcs frétillants, et je risquerai de m'interrompre horrifiée de les voir se rouler ainsi sur les morceaux d'ivoire..."
(Un petit bémol cependant, si vous n'aimez pas la musique classique, je ne suis pas certain que ce livre puisse vous intéresser, même si ce n'est pas un livre sur la musique)
Salut!!!
Un plaisir te lire.
Je suis un mec espagnol, et j'ai trouvé ton blog presque par hasard, et j'ai bien aimé.
Un bisou!!
Diego (Madrid)
Rédigé par : Diego Bériot | 04/10/2005 à 16:50
C'est la deuxième fois que tu me dis que tu tombes sur mon blog par hasard et que tu aimes. Quel enthousiasme!! Un conseil, mets le dans ta blog-list, ça tévitera de tomber dessus par hasard... lol
Rédigé par : Patrick | 04/10/2005 à 21:20