C'était le printemps de l'an 2000. Il avait vingt-six ans, j'en avais trente. Quand j'étais entré aux Follie's Pigalle je l'avais vu de suite. Je m'étais dit "ne rêve pas Patrick, il est trop beau pour toi". Mais la musique nous avait rapproché, nous avions fini par danser l'un contre l'autre, et nous étions partis ensemble, bras-dessus bras-dessous dans la nuit douce.
Il s'appelait Andrew, mi-américain mi-suédois, un danseur de ballet avec de beaux yeux bleu-gris et une superbe crinière de cheveux blonds (oui, je sais, ça fait très cliché!).
Le lendemain nous nous étions donné rendez-vous au Café Beaubourg et je le vois encore traversant la place dans sa salopette bleue avec sa démarche en canard.
La soirée s'était achevée à la maison, pour mon plus grand malheur.
Je venais de déménager, j'avais eu les clefs de ce nouvel appartement une semaine avant, et l'appartement était vide, les peintures n'avaient pas été refaites, la moquette pas changée, mes affaires étaient entassées dans un coin, et il n'y avait pour tout meuble qu'un matelas mousse sur lequel je dormais dans un duvet.
Je venais de me séparer d'un ex avec qui j'avais vécu de trop longues années, j'étais dévasté qu'il m'ait quitté pour un autre, j'enfilais les conquêtes (et les hommes), je me défoulais dans une débauche de sexe, et je ne rentrais chez moi que pour dormir, prendre une douche et me changer.
Je pense qu'il m'a pris pour une sorte de clochard, car nous ne nous sommes jamais revus ensuite.
En plus Marie-Charlotte m'avait fait une crise de jalousie quand il était entré dans l'appartement. Pendant tout le temps qu'il était là, elle avait miaulé en se roulant dans tous les sens, impossible de l'ignorer (et impossible également de me consacrer à cet amant du soir), et il était rentré chez lui plus vite que prévu (la queue entre les jambes).
Pourquoi je vous parle de lui ce soir? Parce qu'il avait un corps superbe, et que je trouve ça très beau, très excitant, et en même temps très intimidant. Moi qui trouve mon propre corps si peu désirable, du coup je me sents encore plus nul, je me demande comment un être aussi beau peut me regarder et me vouloir.
Et ces questions je me les pose à nouveau ce soir, parce qu'hier j'ai dîné avec un autre danseur et que j'aimerais que cette deuxième rencontre en appelle une autre, et encore une autre, mais en même temps je ne me sents pas physiquement à la hauteur.
Mais tu vas t'enfiler tout le Palais Garnier et l'Opéra Bastille à ce rythme-là, ma parole !
Il faudrait en laisser un peu pour les autres ou faire tourner les N° de téléphone ! ! !
Bon, j'ai des contacts de Japonais à échanger (comment ça, tu n'es pas intéressé ?)
Bonjour la solidarité !
Rédigé par : Fifou | 18/12/2007 à 15:52
pourquoi te poser des questions si ça ne les gêne pas?
Rédigé par : coco | 19/12/2007 à 16:15
> Coco, le jour où je ne me poserai pas de questions je serais probablement gravement malade... lol
Rédigé par : Patrick | 19/12/2007 à 23:08
je sais ce que c'est...
les questions fusent en permanence dans ma tete 24/24h 7/7j...
sur tout et n'importe quoi je crois que je suis née pour cogiter...
Rédigé par : coco | 20/12/2007 à 21:19
Patrick
Tu accordes vraiment trop d'importance au physique. C'est surement une deformation professionnelle.
Il y a un truc qu'on appelle la beaute interieure. Le physique vous aveugle tellement que vous n'arrivez pas a voir vraiment ce qui est beau chez l'autre.
Ce qui est beau s'apercoit quelque fois dans le regard (le miroir de l'ame).
Bonne chance
FVB
Rédigé par : fvb | 01/01/2008 à 19:09
>fvb. La beauté intérieure? On fait comment pour la voir?
Rédigé par : Patrick | 01/01/2008 à 22:58