Sortir de chez soi sans autre but que de marcher et de prendre l'air, de profiter du temps qui s'est radouci, tourner à droite, puis à gauche, puis encore à droite, passer devant la porte de mon médecin traitant rue Eugène Süe, prendre à droite dans la rue Marcadet, hésiter devant des escaliers rue Lamarck, tourner à gauche avant d'arriver chez mon dermato et contempler une façade rue Damrémont pendant qu'un électricien près de sa camionnette me regarde d'un air équivoque, se diriger vers la place des Abbesses mais bifurquer avant dans la rue Lepic parce qu'il y a vraiment trop de monde dans ce quartier.
Traverser le boulevard de Clichy et descendre la rue Blanche, s'étonner de la tenue colorée d'une jeune tecktonikeur qui fait des figures à vélo, se surprendre devant les décorations de l'église allemande dont l'étoile me fait penser au virus du sida, et arriver place d'Estienne d'Orves d'où je contemple l'église de la Trinité dans toute sa splendeur sans être embêté par le feuillage des arbres.
Prendre la rue de la Chaussée d'Antin mais trouver qu'il y a trop de monde sur les trottoirs pour se promener tranquillement et décider de prendre un vélib pour changer de quartier.
Admirer une fontaine en passant rue de Richelieu, dire bonjour à la statue de Molière en passant, traverser la rue de Rivoli, passer sous les portes du Louvre et se retrouver sur les pavés de la place intérieure du Louvre, constater qu'aujourd'hui les jets d'eau autour de la pyramide sont allumés et que l'arc du Carrousel est toujours aussi beau.
Traverser la Seine par le pont du Carrousel et se retrouver en terre inconnue, prendre la rue des Saints-Pères en regardant s'il y a des stations de vélib dans le quartier. En remarquer une enfin, mais constater qu'elle n'a plus une place de libre, comme toutes celles du quartier.
Continuer la balade à vélib. Prendre le boulevard saint-Germain et se retrouver au pied de l'Institut du Monde Arabe, continuer vers le jardin des plantes et dire bonjour au passage aux autruches du jardin. Traverser à nouveau la Seine et poser son vélib à l'embouchure du port de l'Arsenal.
Marcher en longeant les bateaux, se dire que les jours rallongent et qu'à dix-sept heures il fait encore clair. Se plonger dans le regard bleu et le visage émacié d'un cycliste dégingandé qui arrive en roulant, admirer le génie de la Bastille éclairé par les reflets des manèges illuminés sur le bord de la place.
Reprendre la rue Saint-Antoine, la prolonger par la rue de Rivoli, fuir la circulation des voitures en prenant une rue parallèle et se retrouver rue du Roi de Sicile dans un quartier plus que familier. Rire intérieurement de cette casquette vissée de travers sur la tête de ce jeune en jean slim taille basse qui ressemble à une caricature, ignorer ce regard trop appuyé en passant devant le Quetzal, se retrouver dans la foule derrière le BHV, sentir la crêpe et la viande huilée du côté des Halles, se dire qu'il n'y a pas eu de marché de Noël cette année autour de la fontaine des Innocents.
Se faire désirer des yeux au pied de Saint-Eustache par un petit homme qui tire sur sa cigarette, se dire qu'embrasser un cendrier ce n'est vraiment pas un truc qui m'excite, hésiter à prendre la rue Montorgueil, mais se dire qu'il ya trop de badauds qui y traînent et se décider pour la rue Montmartre.
Apercevoir un homme avec de superbes cheveux mais constater en même temps qu'il a un gros cul mou et se dire qu'il ne suffit pas d'avoir de beaux cheveux pour me plaire. Finalement prendre un vélib rue d'Aboukir parce que ce quartier je le connais trop bien, j'y passe tous les jours, j'y travaille.
Pédaler rue Montmartre, puis rue du Faubourg Montmartre, monter la rue Notre-Dame de Lorette, passer devant la librairie d'Esteban en roulant et l'apercevoir debout derrière sa caisse, penser à la chanson de Marc Lavoine en passant rue Fontaine, foncer vers les ailes du Moulin Rouge puis laisser son vélib sur le boulevard de Clichy pour continuer la promenade à pieds.
Monter vers la Butte-Montmartre, grimper les escaliers de la rue Chappe parce que c'est excellent pour les cuisses et se réjouir en arrivant sur l'esplanade du Sacré-Coeur que la vue sur Paris soit toujours aussi magnifique même quand le ciel est bas et qu'il pluvine.
Rentrer dans la basilique, constater que la foi monnayée ça marche toujours aussi bien vu le nombre de bougies chauffe-plat à deux euros (pour le même prix chez Ikea vous avez un paquet complet) et de bougies rouges à dix euros qui brûlent. Sortir rapidement, parce qu'il y a vraiment trop de monde dans cette basilique, et descendre sous un crachin humide les escaliers qui conduisent à la rue Muller pendant qu'un groupe d'italiens s'extasient sur les petites maisons qui bordent les escaliers.
Prendre la rue Ramey direction la maison, s'arrêter dans un bar-tabac pour jouer une grille de loto (à chacun sa foi monnayée), prendre une galette des rois (parce que demain c'est le 6 janvier et que passer un 6 janvier sans manger de la galette des rois ce n'est tout simplement pas envisageable) et un pain de seigle au muesli à l'angle de la rue Labat, puis rejoindre tranquillement la maison et le réconfort d'une tasse de thé.
Rue Ramey !!!
Au début du Post, je me demandais : mais où habite Patrick ? Et moi, d'imaginer les rues du côté de Lamarck-Caulaincourt.
D'accord pour la galette des rois. Personnellement, parce que dimanche était une journée en solitaire, j'ai craqué pour une part - 20h15, à la boulangerie de la rue Lepic (Pas très bonne cette part mais, au moins,"ça" avait un vague goût de galette !).
Bon dimanche ? A plus de 5°, on t'espérait du côté du bois de Vincennes.
Rédigé par : Wilfried | 07/01/2008 à 10:51
Moi aussi en me couchant samedi soir je pensais aller courir à Vincennes le lendemain, mais la nuit fut mouvementée, et je n'étais plus en état au réveil...
Rédigé par : Patrick | 07/01/2008 à 18:41