Il y a un livre de Nancy Huston que j'avais vraiment adoré. C'était Les Variations Goldberg, un livre construit autour de l'oeuvre éponyme de Bach, un mini-concert vu par les monologues intérieurs des gens qui y assistent. Ce livre avait longtemps résonné dans ma tête.
Le livre dont je vais vous parler aujourd'hui, c'est Lignes de faille, de Nancy Huston. Ce n'est pas un livre sur la musique, mais je ne peux m'empêcher de le comparer à une symphonie en quatre mouvements autour d'un même thème qui se développe d'une façon différente dans chaque mouvement pour ne vraiment prendre toute sa signification qu'une fois l'oeuvre terminée, le livre clos.
Les quatre mouvements de cette symphonie, ce sont quatre enfants de six ans qui parlent chacun de leur présent, sans se rendre compte que ce présent est aussi un écho du présent d'autres personnes qui ont eu six ans elles aussi un autre jour.
Quant au thème, c'est la recherche du passé, comprendre pourquoi certaines choses du présent sont ce qu'elles sont aujourd'hui.
Au début, à la première exposition du thème, on ne sait pas trop où l'auteur veut nous mener. On tourne les pages, on se laisse mener par la musique.
Et puis à la deuxième exposition, on reconnaît des bribes déjà entendues, on comprend des impressions précédemment incompréhensibles.
Et ainsi de suite, chaque nouvelle exposition du thème permet de mieux voir le puzzle dans son ensemble, et ce n'est que dans les toutes dernières phrases qu'on comprend enfin tout.
Alors on repense à ce qu'on a lu, et à l'envers on reconstruit l'histoire (ou plutôt on remet l'histoire dans le sens du temps, car elle nous a été narrée à contre-temps). C'est le genre de livre qu'on a envie de relire quand on l'a fini pour tout remettre à sa place, pour être certain de ne pas être passé à côté de quelque chose.
Par contre il y a un obstacle dans ce livre, et il est de taille. La première exposition nous montre un enfant de six ans, Solomon, particulièrement insipide, dans une famille américaine caricaturale dont on pourrait se passer facilement de l'existence. Le danger, la facilité, ce serait de fermer le livre avant d'arriver à la deuxième exposition du thème, l'histoire d'un petit garçon de six ans, Randall, qui deviendra bien des années plus tard le père du petit Solomon.
Quant à moi, je suis content d'avoir réussi à vous parler de ce livre sans vous avoir vraiment dit de quoi il parle mais en espérant quand même vous avoir donné envie de le lire...
merci..on ne cesse de me parler de cette bonne femme.. et je dois avouer que je ne sais que penser
Rédigé par : zopiros59 | 13/02/2008 à 16:59