Les moments qui m'ont le plus ému dans le film Nés en 68 (voir note blog cinéma) ce sont les moments revendicatifs et les actions d'Act Up. J'avais ressenti une émotion très forte la première fois que j'avais participé à un die-in avec cette association. Il y a le silence soudain quand nous sommes tous allongés par terre, immobiles et feignants d'être morts, un silence assourdissant tant il semble incongru dans cette cohue. Et puis il y a à nouveau d'un seul coup les sifflets qui sifflent, les sirènes qui retentissent, la cacophonie qui repart de plus belle quand tous les morts se relèvent, ressucités et vivants. C'est très fort comme ressenti. Et à chaque fois c'est toujours aussi fort. Et même au cinéma, en voyant ce die-in d'Act Up sur l'écran, l'émotion était là, intacte, puissante.
Cette émotion, ce film m'a donné envie de la ressentir à nouveau, m'a donné envie de me rebeller à nouveau, d'arrêter d'accepter cette société individualiste dans laquelle je ne me reconnais pas. Il n'y a plus de nos jours de mouvements comme ceux de la période soixante-huitarde, de mouvements collectifs comme le mouvement hippie. Pourtant il y a encore des gens qui veulent faire changer les choses, qui n'acceptent pas cet ordre policé qui nous est imposé. Mais ces gens restent seuls, dans leur coin, ils n'y croient plus et restent coincés dans leur pessimisme. Je veux retrouver la force de me battre.
Et plus particulièrement, je veux me battre pour pouvoir être un citoyen comme les autres, sans que ma sexualité ne puisse m'être préjudiciable dans aucun cas. Je veux pouvoir baiser avec qui je veux. Je veux pouvoir marcher main dans la main avec un autre homme. Je veux avoir la possibilité de me marier si l'envie m'en prend. Je veux pouvoir adopter des enfants sans qu'on ne me pose de questions. Je veux pouvoir venir aux barbecues professionnels de mon boulot avec mon petit ami. Je veux juste être un citoyen comme un autre. Je ne veux plus de juges de conscience ou de morale ou de bienséance. Je veux qu'on me laisse vivre. Et malheureusement dans la société où je vis ce n'est pas le cas. L'homophobie existe toujours, et elle a encore de beaux jours devant elle si personne ne fait rien pour lutter contre. Et on ne peut pas dire que notre gouvernement fasse quoi que ce soit contre, bien au contraire.
Il n'est pas acceptable que le fait de savoir avec qui couche Bertrand Delanoë puisse avoir un impact sur sa carrière politique. Il n'est pas acceptable qu'un joueur de foot ne puisse pas être ouvertement homosexuel et faire les couvertures des magazines people avec son boyfriend au même titre qu'un autre hétérosexuel avec sa girlfriend. C'est factuel, nous ne sommes pas dans une société égalitaire. Ca ne me convient pas!
Ce film m'a donné des envies d'anarchiste, des envies de rebelle. Mais bon, ce serait encore mieux si ces envies se transformaient en actes...
Je n'ai jamais été à une réunion d'Act-up, peut-être que le moment est venu?
C'est drôle, le film m'a donné ou redonné à peu près les mêmes envies que toi. Même si je sais que chacun à son niveau parfois peut faire avancer les mentalités par de petits pas.
Rédigé par : Olivier Autissier | 27/05/2008 à 21:41
>Olivier. Je suis un grand timide, tu veux m'accompagner à ma première réunion Act-up?
Rédigé par : Patrick | 27/05/2008 à 22:19
A deux timides, tu crois qu'on a moins peur ? :) Et puis je ne suis plus très fana d'Act-Up même s'ils restent les plus activistes.
Je te maile... on en parle, rien n'est impossible.
Rédigé par : Olivier Autissier | 27/05/2008 à 23:44