De Maryse Condé j'avais lu l'immense saga Ségou, qui à travers la généalogie d'une famille nous faisait revivre les grands changements qu'apportèrent l'islam et la traite des noirs puis la colonisation dans l'afrique des 18e et 19e siècle. J'avais beaucoup aimé.
D'elle j'ai également lu Le coeur à rire et à pleurer, qui est plus ou moins autobiographique et nous parle de son enfance dans la Guadeloupe des années cinquante. J'avais aussi aimé.
J'ai lu également La Belle Créole, l'histoire d'un homme à la dérive dans le Port-Mahaut de 1999, une ville également à la dérive. J'avais aimé également.
En commençant Les belles ténébreuses je m'attendais aussi à un grand roman. Au dos du livre la jaquette parlait d'un homme né à Lille d'un père guadeloupéen et d'une mère roumaine et de problèmes identitaires. Je me disais, chouette, un bouquin sur la difficulté d'être métis écrit par une femme noire qui a vécu en Afrique, en Europe et aux Etats-Unis et qui est doté d'une immense culture, ça ne peut être que passionnant.
En fait j'ai été déçu. Le personnage central du livre, Kassem, est un métis à qui on demande d'endosser des identités qu'il n'a pas forcément choisies, mais il les endosse les unes après les autres sans vraiment se poser de questions. Les seules questions qu'il se pose parfois sont celles de son attirance pour Ramzi, un homme à la beauté phénomènale dont toutes les femmes tombent immédiatement amoureuses.
Mais dans tout le livre le mot homosexualité n'est jamais écrit, on ne sait pas si ce Ramzi a des relations sexuelles avec des hommes, des femmes, ou des cadavres (il est embaumeur, d'où le titre du roman).
Et quand enfin le livre touche à son fin, on ne sait toujours pas clairement qu'elle est la nature de la relation entre Kassem et Ramzi.
J'ai refermé le livre frustré, aussi désappointé qu'un amant dont le partenaire aurait prématurément éjaculé au milieu des préliminaires alors que la soirée ne faisait que commencer.
Pudeur féminine? Pudeur hétérosexuelle pour aborder un sujet non maîtrisé? Pudeur raciale pour parler d'une homosexualité entre "hommes de couleur" quand ce sujet est encore tabou dans cette partie de la population?
En tout cas je suis resté sur ma faim.
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