17 heures, à l'angle de la rue Doudeauville et de la rue Ernestine, mercredi 30 août à Paris dans le 18e arrondissement. Un homme s'arrête et accroche son vélo à un réverbère avant d'entrer dans le tabac qui fait l'angle. Un homme noir. Une voiture de police en maraude passe devant lui et s'arrête. De l'arrière, vitre baissée, un policier demande "il est à toi ce vélo? tu l'as acheté où? à quel prix?". On notera au passage que le tutoiement est de rigueur quand un policier parle à un homme de couleur.
Je l'avoue, quand je vois ce genre de petite scène de la vie quotidienne, je suis choqué. Choqué du traitement discriminatoire infligé à certaines personnes au vu simplement de leur faciès (personne ne demanderait à une jeune fille blonde si le vélo qu'elle conduit lui appartient vraiment!). Choqué de la façon dont certaines personnes sous prétexte qu'elles portent un uniforme peuvent vous traiter de voleur sans vergogne.
Je sais bien que nous vivons de plus en plus dans un pays où tout ce qui sort un peu de la norme (les gens de couleur, les activistes, les délégués syndicaux, les homosexuels, les séropositifs, les gens qui participent à des manifestations, les adhérents à des partis politiques...) est fiché et montré du doigt et où l'étranger est une chose qu'il faut faire partir du pays le plus vite possible, mais je n'arrive pas à m'y faire, à accepter ce quotidien. Je n'arrive pas à me faire à l'idée que je vis dans un pays qui par bien des égards se conduit comme un pays totalitaire avec un état policier plus ou moins omnipotent et où l'arbitraire est roi.
Je me suis toujours demandé comment je répondrais si un policier me posait les mêmes questions. Malheureusement pour moi, je suis une grande gueule...
out pareil que toi.
Rédigé par : alain | 31/07/2008 à 18:28