Chocolat ou café?: Racolage passif

16/10/2008

Racolage passif

C'était il y a longtemps, à une époque révolue où j'étais jeune et beau. Je faisais mon service militaire, j'étais ferme et musclé.

J'étais en permission. A Paris. En fait pas à Paris, j'allais passer le week-end chez ma soeur à Issy-les Moulineaux. Je ne connaissais pas Paris à l'époque. Pas comme aujourd'hui.

J'étais assis sur un banc, avec mon sac militaire à mes côtés. J'attendais que mon futur beau-frère passe me chercher en voiture sur son chemin pour Issy-les Moulineaux.

Un curé en tenue de ville passa devant moi, se posa sur le banc, et me dit que je ne devrais pas rester ici. Je l'ai trouvé bizarre. Je n'ai pas compris pourquoi. Ou plutôt j'ai compris qu'il me prenait pour un prostitué, et j'en ai été offusqué.

Il est parti. Et je suis resté à attendre mon beau-frère.

C'est une voiture de police qui est passée avant. Je les voyais me regarder, et ça m'agaçait. Ils se sont arrêtés, m'ont demandé ce que je faisais là. Je ne faisais rien, j'attendais qu'on vienne me chercher.

Je ne sais pas ce qu'ils ont compris. Enfin si je sais, j'ai eu droit à un procès verbal pour racolage passif.

Evidemment je n'ai rien dit à personne, parce que j'avais honte. J'avais honte d'être passé pour un prostitué, comme si ça voulait dire que je pouvais en être un. Ma soeur n'a jamais rien su, mon beau-frère non plus.

Par contre je ne me suis plus jamais assis sur un banc en bas des jardins du Trocadéro pour attendre qu'on vienne me chercher...

(encore une note sans insulte, j'espère que ça ne vous change pas trop?)

16/10/2008 dans Ma vie ordinaire | Lien permanent