Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais j'ai resorti de mes armoires mes pinceaux et mes couleurs, alors qu'en 2008 ils sont restés enfermés toute l'année. 2009 sera t-elle une année plus productive? Il est un fait, c'est que quand on vient chez moi la plupart des murs sont couverts par des portraits qui datent de 2000 ou 2001..
J'ai toujours gribouillé. Quand j'étais petit les marges de mes cahiers étaient couvertes de couleurs, et cette habitude m'a accompagné pendant de nombreuses années. On pourrait sans hésiter dire que c'était ma matière préférée à l'école, et mes professeurs d'arts plastiques ont toujours semblé satisfaits de mes résultats, pour le plus grand plaisir de ma mère.
Il y a des clichés qui ont la vie dure. L'un d'eux est que les homosexuels sont des enfants qui ont trop été couvés par leur mère étant petit. En ce qui me concerne ce n'est certainement pas vrai. Ma mère n'aimaient pas les enfants, ça fait trop de bruit. Par contre elle était attentive à notre éducation, elle me faisait réciter mes déclinaisons latines et surveillait mes devoirs tous les soirs. Et le dimanche midi, après le repas dominical, j'avais souvent droit à une question traître de mon père pour vérifier l'assimilation de mes connaissances. On ne plaisantait pas avec l'instruction chez nous, et mes plus mémorables réprimandes étaient en rapport avec mon refus d'assimiler les tables de multiplication (être enfermé dans sa chambre tant qu'on ne savait pas sa table par coeur grr..).
J'ai toujours eu des crayons et des couleurs à ma disposition, et ma mère faisait attention à ma production "artistique". J'ai même pris à une époque des cours avec mon prof d'arts plastique, qui m'a enseigné tous les petits secrets du batik, cette technique d'impression des tissus en faisant des réserves à la cire chaude avant de faire les différents trempages de couleurs. Je pense qu'il était aussi important pour ma mère que j'ai une éducation "sénégalaise" pour équilibrer un peu mon éducation "occidentalisée" dans ces écoles religieuses qui m'ont façonné.
Ca ne m'a pas empêché de suivre des études "sérieuses", et j'ai fait un bac C, parce qu'il n'était tout simplement pas envisageable de faire autre chose qu'un bac scientifique dans ma famille. Mais j'avais gardé l'option arts plastiques au lycée. Après le bac j'aurai bien aimé m'inscrire aux Beaux-Arts ou un truc dans le genre, mais j'ai eu un refus net de la maison. Un artiste ça ne gagne pas sa vie, c'est bien connu!
Ma "production artistique" a ensuite été mise de côté pendant mes années de fac et mon début dans la vie active jusqu'à ce Noël 1996 où mes parents (encore ma mère!) m'ont offert un nécessaire à aquarelle. Alors je me suis essayé à l'aquarelle. Aujourdhui il y en a sur les murs chez mes parents, chez ma soeurs, chez mes ex-beaux-parents, chez quelques amis... et dans ma salle de bains. Ca a duré deux ans (1997 et 1998). Mais au final je trouvais les couleurs trop délavées, je voulais quelque chose de plus vif.
J'ai découvert le pastel gras en 1999. Ce fut une révélation. C'était rapide, les couleurs étaient vives. Pendant trois années j'ai fait de quoi couvrir tous mes murs. Et puis, comme toute chose, j'ai ralenti la cadence, car je n'avais plus de place sur mes murs, que je ne savais plus où ranger ma production, et que l'idée de peindre quelque chose que je n'aurais pas tous les jours sous les yeux m'est insupportable.
Ensuite l'acrylique a fait son apparition dans ma vie. J'avais essayé la peinture à l'huile, mais ça m'était des jours a sécher, et ça n'était pas compatible avec les poils et la curiosité de Marie-Charlotte, ni avec mon impatience. Attendre une semaine entre deux couches de peinture ça m'enlève toute envie de peindre.
Alors maintenant j'oscille entre l'acrylique et le pastel gras, mélangeant parfois les deux techniques sur la même toile.
Le tableau dont vous venez de suivre la création (et auquel j'ai donné le nom de Zao) est une acrylique sur toile. Vous le devez un peu à Jean, un homme qui est entré dans ma vie cette année et qui m'a redonné envie de peindre.
(et si vous le voulez, il mesure 38x46 et il est au prix de 300 euros)
un touche-à-tout ? un artiste ?
les deux.
Rédigé par : orpheus | 01/03/2009 à 09:58