Est-ce le redoux soudain qui a fait sortir les gens? L'espoir de la fin de la canicule? Les terrasses des cafés et des restaurants étaient bondées ce jeudi soir à Paris quand je suis descendu en ville à vélo. D'ailleurs j'ai mis pratiquement dix minutes à trouver une station vélib qui n'était pas complète.
J'ai marché dans le centre ville, promenant ma nonchalance dans les rues au hasard de mes pas. J'ai même poussé la folie jusqu'à traverser la Seine et l'île de la Cité pour aller me mêler au flot des touristes qui hante le quartier Saint-Michel. Sur les coups de vingt-deux heures je me suis même arrêté, ô suprême hérésie, pour acheter un sandwich kebab-frites que j'ai emporté avec moi sur la place Jean-Paul II où je me suis assis en tailleur sur un banc de pierre face à Notre-Dame pour manger mon sandwich.
Je venais de manger quelques frites quand un jeune post-adolescent encapuchonné s'est approché de moi et m'a demandé très poliment "bonjour monsieur, vous pourriez me donner un bout de votre sandwich?". Je m'attendais à ce qu'il me demande du feu ou une cigarette, mais pas un bout de mon sandwich. Du coup j'ai été un peu abasourdi. Machinalement j'ai répondu non (l'armure du parisien endurci qui se fait accoster tous les jours), et le jeune homme n'a pas insisté.
J'ai mangé une autre frite, mais j'ai eu honte de moi, moi qui suis gros et gras, qui dort sous un toit tous les soirs, qui mange à ma faim tous les jours. Il était cinq mètres plus loin. Alors j'ai fermé la boîte du sandwich, je me suis levé et je le lui ai apporté, puis je suis parti, j'ai quitté la place.
Je ne sais pas ce qui s'est passé, j'ai pourtant l'habitude à Paris de voir des gens miséreux qui mendient dans la rue (il y a à tous les coins de rue) et je pensais être endurci par tout ce que j'avais pû voir dans d'autres pays où la misère est encore plus grande, mais j'ai accusé le choc. J'ai continué à marcher, mais l'humeur était maussade, et j'ai fini par m'assoir sur un banc avec la larme à l'oeil.
Pourquoi? Si je devais pleurer à chaque fois que je croise un mendiant il y a longtemps que toutes les larmes de mon corps auraient été versées. Pourquoi ce soir? Parce qu'il était trop jeune pour être à la rue? Parce qu'il m'avait parlé poliment dans une langue sans faute? Parce qu'il n'avait pas insisté? Ou parce qu'il m'a demandé à manger quand les autres ne demandent que des cigarettes ou des sous et vous envoient balader quand vous leur proposer justement un sandwich? Je ne sais pas, mais il m'a fichu un sacré bourdon. Pourquoi tant de misère au milieu de tant d'opulence?
Ça m'est arrivé une fois, enfin ce n'était pas un mendiant juste un homme seul qui mangeait un sandwich (quoi de plus commun?). Bah je ne sais pas mon regard s'est posé sur lui et olalalala grosse montée d'émotions j'ai dû détourner le regard sinon je fondais en larme.
Pourquoi? aucune idée sa solitude m'a touchée
Rédigé par : Coco | 21/08/2009 à 19:38
L'important c'est d'être revenu sur vos pas ! Le coeur n'est pas toujours disponible.
C'est vrai que le paysage parisien est parsemé d'exclusion, que l'on est bien obligé de, parfois, ne pas y faire attention. De passer son chemin comme si ces gens sans toit, sans ressource, sans place étaient simplement un élément du décor !
Je donne facilement, mais rarement (mes poches n'étant pas inépuisables) ... je tente juste de continuer à ne pas être trop indifférente.
L'humanité est dans la parole, aussi.
Rédigé par : Account Deleted | 21/08/2009 à 20:20