Chocolat ou café?

Menus plaisirs

Les derniers petits plaisirs de l'été, quand les rayons du soleil deviennent obliques, pouvoir prendre un livre et aller bouquinner tranquillement dans un parc jusqu'à la tombée de la nuit.

Sortir de chez soi après vingt heures, en appréciant le fait qu'il fasse encore jour. Prendre un vélib à une station vélib alors qu'on pensait marcher un peu, mais se dire que jamais on n'est monté à vélo au Sacré-Coeur. Alors le faire, en appuyant bien sur les cuisses, pour se rendre compte une fois parvenu au sommet qu'il n'y a pas de station vélib à côté du Sacré-Coeur et que la circulation à vélo est interdite. Alors redescendre la butte pour poser son vélo, et revenir à pied en grimpant toutes les marches sur la pointe des pieds pour bien étirer le mollet. Jouir de la vue sur Paris du haut des marches avant de descendre dans le jardin sous le Sacré-Coeur pour se poser dans l'herbe verte et se plonger dans la lecture du livre choisi. Puis, quand la nuit tombe et que le gardien siffle pour prévenir que le jardin va fermer, descendre le reste des marches et rentrer tranquillement à pied à la maison en savourant la douceur de l'air.

Voilà, c'est tout simple, mais c'était mon petit plaisir de la soirée. Dès la rentré les jours raccourciront encore plus vite et les parcs fermeront plus tôt, aller lire à la lumière naturelle ne sera plus possible.

Leçon

Souvent je croise des gens qui me disent qu'ils ne savent pas dessiner, que ce qu'ils font ne ressemble à rien. Pourquoi pas? Pourtant je reste persuadé que le dessin reste à la portée de tous...

D'abord il faut remarquer que la vie répond à des règles de stabilité qui font que nous sommes plus ou moins symétriques, que nous avons tous des choses en commun, comme le nez au milieu de la figure. Alors aujourd'hui je vais vous donner quelques trucs pour dessiner un visage.

Tout d'abord vous dessiner une forme. Un rond, un carré, un rectange, un triangle, ce que vous voulez, c'est juste pour s'amuser.

Ensuite vous tracez une ligne verticale droite qui sépare votre forme en deux.

Puis vous coupez votre forme en trois bandes horizontales égales.

Et c'est fini, votre dessin est fait. La partie du haut sera le front. Dans la partie intermédiaire, la ligne centrale sera le nez, la ligne supérieure les arcades sourcilières. Vous mettez deux yeux sous les sourcils, et vous placez les oreilles sur les côtés. Il ne vous reste plus qu'à rajouter la bouche dans la partie basse, sous le nez. Et des cheveux si nécessaire.

Ceci peut s'appliquer à pratiquement tous les visages. Ensuite il faut travailler votre regard, apprendre à voir. Le menton est-il plutôt carré ou plutôt rond? Le visage est-il plutôt ovale ou plutôt rectangulaire? Les sourcils horizontaux ou en accent circonflexe? Souvent un simple détail suffit à caractériser une personne, à vous de le trouver pour rendre votre dessin ressemblant.

Un dernier conseil? Avant de vous lancer dans le portrait, essayez plutôt la caricature. Vous apprendrez à trouver le détail essentiel, celui qui fera tilt, celui qui rendra vos portraits vivants et réalistes.

Machine à pain

Il est impossible quand on est célibataire d'acheter juste trois prunes et quatre mirabelles quand on fait son marché. Les prix sont au kilo, et on prend rarement moins de cinq cents grammes. Et puis les fruits sont tellement appétissants qu'ils font envie. D'autant plus envie que l'automne pointe le bout de son nez et que bientôt il n'y en aura plus des fruits. Déjà que le temps des cerises est passé si vite...

Alors aujourd'hui j'ai découvert une fonction de ma machine à pain à ce jour inutilisée: j'ai fait des prunes au sirop. C'est on ne peut plus simple; on met les fruits en morceaux dans la cuve, quelques cuillères de sucre, et on laisse cuire tout seul. Une heure plus tard la machine s'arrête toute seule et il y a juste à laisser refroidir pour mettre le délice dans des récipients adéquats. Elle est pas belle la vie?

(en même temps, gourmand que je suis, ces prunes au sirop seront mangées bien avant l'hiver..)

Dimanche

Vous travaillez le dimanche vous? Moi pas. C'est un choix. Je refuse de travailler le samedi et le dimanche. Jusqu'à présent j'avais le choix, mais pour combien de temps encore?

Avant le travail le dimanche se faisait sur la base du volontariat et était rémunéré double. C'était l'argument que me retournaient les partisans du travail du dimanche. Maintenant, par la faute du gouvernement actuel dont le seul but semble être de casser tous les fondements de la société pour créer des classes sociales encore plus séparées (les riches toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres, à vous de naître du bon côté parce qu'après on ne change plus), il est possible de travailler le dimanche sans le vouloir, et en plus pour le même tarif que les autres jours.

(en même temps qu'on se rassure, le travail le dimanche ça ne concerne que les basses classes sociales, les gens corvéables à merci, les cadres dirigeants ou les professions libérales ne sont pas concernées)

J'ai toujours été opposé au travail le dimanche. Parce que je pense que c'est bien d'avoir une coupure dans la semaine. Parce que je pense que l'être humain n'est pas juste fait pour travailler tous les jours sans fin. Parce que nous ne sommes pas des machines. Parce qu'il est bien que ce jour de repos soit le même pour tout le monde.

Alors je boycotte les magasins le dimanche. Ce n'est pas parce que l'Intermarché à côté de chez moi est ouvert qu'il faut que j'y aille. Je ne fais pas mes courses le dimance. Je refuse d'acheter des vêtements le dimanche ou des chaussures ou des meubles ou des matelas. Peut-être que si tout le monde a la même réaction les magasins resteront fermés le dimanche? Bon je sais, je rêve, il y a plein de gens qui ne veulent pas travailler le dimanche et que ça ne gêne pas de faire travailler les autres, donc le combat est perdu d'avance. Je resterai juste un éternel récalcitrant dans mon coin.

Sinon, si on peut travailler tous les jours et que le dimanche devient un jour comme les autres, alors un jour je pourrais prendre un rendez-vous chez le dentiste pour un détartrage le dimanche, je pourrais passer à ma banque retirer un chéquier, j'irais acheter des timbres à la poste... pendant ma pose déjeuner parce que moi aussi j'en serais venu à travailler le dimanche. Et ce jour là je n'aurais plus de vie associative possible, plus de loisir, je serais juste devenu un robot parmi les autres. D'ailleurs j'ai déjà un numéro à moi tout seul, mon numéro de sécurité sociale. C'est ça le futur dont vous rêvez?

(PS/si les gens qui ont voté cette loi avait dû eux aussi travailler le dimanche, est-ce qu'ils l'auraient votée?)

Boulogne

Il fut un temps où je courais régulièrement au bois de Boulogne. J'habitais à Issy-les Moulineaux à l'époque. Puis à l'hiver 2005 j'ai déménagé pour venir vivre dans le 18e. Du coup le bois de Boulogne me semblait plus loin, et je courais le soir le long du canal Saint-Martin ou en rond au parc des Buttes-Chaumont, voir au bois de Vincennes avec mon club. De temps en temps je retournais au bois de Boulogne, mais je ne trouvais pas le trajet fabuleux pour y aller, souvent je mélangeais les sens interdits et je perdais du temps.

Puis j'ai fini par maîtriser ce 17e arrondissement où je ne mettais jamais les pieds auparavant, j'ai mémorisé les sens unique et les artères principales, et j'ai fini par trouver un itinéraire agréable et sans trop de voitures qui m'amène de chez moi au bois de Boulogne en 25 minutes. 25 minutes d'une station vélib à l'autre. Du coup le bois de Boulogne redevient intéressant, surtout maintenant que j'ai eu mes problèmes de dos et que j'évite de courir sur du bitume (et donc je ne cours plus au parc des Buttes-Chaumont, trop traumatisant pour ma colonne vertébrale).

Alors ce soir sur les coups de 20h je suis sorti avec mon short et mes baskets, et j'ai été courir au bois de Boulogne. 25 minutes de vélib, une heure de jogging, 25 minutes de vélib, le programme tranquille de ma soirée. Ensuite c'est étirements et hydratation, douche et repos. Je suis quelqu'un pour qui courir est un plaisir et une nécessité. Il n'était pas envisageable que ma hernie discale m'empêche de courir. Depuis quelque temps je me suis repris à courir, peu à peu, en ne dépassant pas l'heure de jogging. Je cours maintenant une fois par semaine, je pense passer à deux fois à partir de la rentrée (une séance de jogging au bois et une séance de fractionné sur stade), et j'aimerais bien revenir rapidement au rythme de trois séances par semaine.

Mais j'ai bien compris qu'il ne faut pas forcer la machine, qu'il me faut me remettre à courir progressivement. Je suis donc parti sur un jogging tranquille ce soir, en veillant bien à dérouler complètement le pied en attaquant le sol avec le talon pour le quitter de la pointe du pied, en faisant attention à la position de mes bras, en veillant à garder les mains dans le prolongement des bras, en essayant d'apprendre à me servir aussi de mes bras pour avancer, ce que j'ai tendance à ne pas faire, gardant le buste trop raide. Puis j'ai couru dans le sable des pistes de chevaux, ce qui est excellent pour bien étirer et faire travailler toute la cheville tout en limitant considérablement les tassements du dos, que du bonheur! Dans la deuxième partie j'ai un peu accéléré mon rythme de croisière. Ensuite j'ai fait de petites accélérations, histoire de retrouver des sensations passées, sant toutefois forcer. Puis dans le dernier quart d'heure j'ai poussé la machine pour finir sur un sprint, avant de retourner en footing lent à la station vélib sur les cinq dernières minutes. En résumé, une séance tranquille de reprise et de réappropriation de son corps. A quand le prochain marathon? Non, je rigole. J'ai bien compris que plus jamais je ne courrai un marathon. (mais on ne va pas trop en demander non plus, c'est déjà un soulagement pour moi de pouvoir recommencer à courir pour des séances d'une heure) 

Jupiter

Ce soir j'ai appris en écoutant la radio que la planète Jupiter était une planète constituée uniquement de gaz. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai toujours était persuadé que toutes les planètes étaient solides, avec une atmosphère plus ou moins gazeuse ou liquide. Mais apparemment Jupiter n'a même pas une masse solide en son centre, ce n'est qu'une grosse boule de gaz. Je trouve ça hallucinant. N'est-ce pas prodigieux d'imaginer qu'une masse de gaz puisse être centrée autour d'un noyau inexistant? Pour moi un gaz ça a toujours eu une connotation plus ou moins volatile ou évaporée, même si je sais qu'il existe des gaz lourds.

Je n'en reviens pas qu'une planète puisse n'être qu'une masse de gaz et pourtant rester centrée et stable!

Illuminations

La peinture pour moi est avant tout un passe-temps à destination personnelle. Je peinturlure quand j'ai envie de changer ma décoration intérieure. Il me faut un désir de changement de décor pour sortir mes tubes d'acrylique de leur boîte.

Ainsi j'ai eu envie de jaune dans mon entrée, et il m'a fallut remplacer les tableaux qui étaient dans mon entrée par quelque chose de jaune. Je n'avais rien en stock qui me convenait, donc j'ai fait ce truc là.

Et mine de rien c'est ma dixième création de l'année. Si ça continue je vais même avoir de quoi faire une exposition d'ici la fin de l'année. Ca vous dirait un petit vernissage le vendredi 27 novembre à venir?

( l'adresse de mes galeries virtuelles pour mémoire c'est ici etlà )

Romain

Je perdais du temps sur un chat internet quand je fus surpris par la demande d'un inconnu "tu n'habitais pas à Issy-les Moulineaux?"

"Si, de mars 2000 à février 2005", pourquoi?". "Il me semblait te reconnaître, on s'est rencontré en juin 2002".

Là j'avoue que j'étais un peu sur le cul. Nous avons continué à clavarder, et de fil en aiguille il m'a dit qu'il était prof de chimie, que nous nous étions rencontré au jardin des Tuileries, que nous avions pris le bus de nuit pour rentrer chez moi, qu'il avait passé la nuit à la maison. Il se souvenait même des portraits que j'avais sur mon mur (et que vous pourrez voir, scoop de l'année, chez moi le vendredi 27 novembre prochain pour le vernissage de mon expo). Le plus étonnant dans tout ça, c'est que pourtant nous ne nous étions vu qu'une fois, qu'il n'était venu chez moi que cette nuit de fin juin 2002. Moi un mec qui s'appelerait Romain et que j'aurais rencontré en 2002, ça ne me disait rien du tout.

D'autant plus qu'un Romain il y en a déjà eu un dans ma vie, en 2003 ou 2004, et qu'il m'a laissé un superbe souvenir. Romain fait d'ailleurs partie des prénoms dont la simple évocation m'émoustille. Mais un Romain en juin 2002 que je n'aurais vu qu'une fois, non, vraiment ça ne me disait rien. (en même temps il y a plein de mecs qui sont venus chez moi dont je n'ai jamais connu le prénom lol)

Alors j'ai cherché dans mes carnets (oui, depuis plus de vingt ans j'écris tous les soirs dans des petits carnets le court palpitant de ma vie, j'en ai toute une collection dans mes armoires) et j'ai effectivement trouvé un prof de physique rencontré un soir de juin 2002 et jamais revu. Physique, chimie, s'agissait-il de la même personne? Le prof de physique ne s'appelait pas Romain.

Mais il y a tellement de gens qui utilisent des noms d'emprunt! Alors je lui ai demandé si par hasard il ne portait pas un autre nom en juin 2002?

Si, c'était bien lui!!

Curieusement moi je n'ai jamais eu besoin d'utiliser un autre prénom que le mien...

Le temps des cerises

... n'est plus.

J'ai eu envie de manger des cerises ce week-end, j'ai fait tous les étals du marché, mais pas l'ombre d'une queue de cerise à l'horizon. Le temps des cerises est terminé. Alors j'ai attaqué les quetsches.

Franck (6)

La première fois que je l'ai vu, avec sa silhouette allongée et ses cheveux blonds coupés courts façon garçon très sage, je me suis demandé ce que pouvait bien me vouloir le gamin. Aussi l'ai-je laissé approcher, histoire de voir, avec en arrière-pensée l'idée que les post-adolescents ce n'était pas ma tasse de thé préféré. D'ailleurs l'une des premières choses que j'ai dite a été "tu ne crois pas que tu es un peu jeune pour t'intéresser à un mec de mon âge?". Il m'a répondu, du tac au tac "pourquoi, tu as soixante ans?". "Non, juste quarante". "Ah, tu es de 1969?". "Oui, c'est ça", ai-je répondu amusé. N'avez-vous pas remarqué que systématiquement maintenant quand vous donnez votre âge les gens vous demandent de valider l'année de naissance, histoire de vérifier que vous avez bien l'âge que vous prétendez avoir? Comme si les menteurs n'étaient pas capable de mémoriser leur véritable année de naissance!? "Alors nous sommes de la même année, m'a t-il dit, j'ai eu moi aussi mes quarante ans cette année." Et là je me suis simplement trouvé tout con, parce que je ne lui aurais pas donné cet âge. Et apparemment lui non plus ne me donnait pas mon âge et me pensait plus jeune.

Mais au final c'est quoi au juste le physique d'un homme de quarante ans? Vu que notre espérance de vie augmente régulièrement et que nous sommes en meilleure condition physique à âge égal que nous l'étions il y a dix ou vingt ans, qu'est-ce que c'est aujourd'hui le physique d'un homme de quarante ans?

Encore une question exitentielle qui restera sans réponse définitive...

Echecs

J'ai été voir le film Joueuse la semaine dernière, cette histoire d'une femme dont la vie est transformée quand elle découvre le jeu d'échecs. J'ai un jeu d'échecs quelque part chez moi, auquel je n'ai pas joué depuis une éternité. Parce que c'est un jeu qui se joue à deux, et que peu de personnes autour de moi ont jamais manifesté le désir de faire une partie d'échecs.

Un temps je vous avais proposé d'organiser des soirées tarot chez moi. Ca a été un flop! Cependant, est-ce que par le plus grand des hasards il ne se trouverait pas dans mon lectorat une personne qui aurait envie de venir à la maison jouer aux échecs avec moi au rythme d'une fois par semaine ou une fois toutes les deux semaines?

La honte!

Ce lundi dans le train pour Toulouse j'ai eu un choc. J'ai lu une fiction sur Oscar Wilde, Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles (de Gyles Brandreth), et j'y ai découvert qu'Oscar Wilde avait été marié et avait eu deux enfants. Si si!

En fait j'ai eu du mal à le croire, mais j'ai vérifié et c'est vrai.

Vous allez me dire que de là à en avoir honte il y a un grand pas? Sauf que moi j'ai fait des études de littérature anglaise, j'ai l'intégrale de l'oeuvre d'Oscar Wilde dans ma bibliothèque et jamais jamais je n'ai imaginé un seul instant que le monsieur puisse avoir été marié. J'ai toujours eu de lui l'image d'une grande folle extravertie, mais en oubliant qu'à l'époque même les grandes folles extraverties se mariaient.

Franck (5)

En fait il m'a dit des choses qui m'ont un peu désarçonné. J'ai l'impression que s'il m'a abordé, c'est parce que je représentais un cas pour lui, parce qu'il ne savait pas dans quelle case me ranger. Quand on te voit, m'a t-il dit, on ne sait pas si tu es blanc ou noir, si tu es grand ou petit, si tu es gros ou musclé...

Pourquoi vouloir savoir? Je suis ni blanc ni noir mais un peu des deux. Je ne suis ni grand ni petit mais de taille moyenne (avant j'étais grand, quand j'ai fait mon service militaire j'étais le plus grand de ma section, j'étais l'homme de base, mais l'espèce humaine grandit, et beaucoup de jeunes me dépassent maintenant). Est-ce qu'être large de carrure me fait paraître plus ou moins grand qu'une crevette filiforme de la même taille que moi? Je ne sais pas. Suis-je gros ou musclé? Les deux probablement. En ce moment je me trouve gros, mais ça reste ferme. Alors peut-être n'est-ce pas que du gras? Ce qui est certain, c'est que je prends de la place.

D'après lui, ne pas pouvoir me mettre dans une case rajoute à mon attrait. Je ne sais qu'en penser. Globalement je ne cherche pas à rentrer forcément dans une case et je me sens plutôt bien dans ma peau (même si certains jours je me dis que je serais sans doute mieux avec quelques kilos de moins, mais je me suis habitué à ces kilos superflus, ils font eux aussi partie de moi).

moto

J'ai passé mon permis de conduire quand j'avais dix-huit ans, merci papa merci maman. J'ai conduit un peu ensuite, je prenais la voiture de maman.  Je peux dire que je sais conduire. Pourtant ça fait presque vingt ans que je n'ai pas touché un volant. Ca ne m'intéresse pas. J'ai toujours préféré me faire conduire. Je ne trouve aucun plaisir particulier à être au volant d'une voiture.

Par contre j'aime faire du vélo. J'aime sentir l'air s'écarter autour de moi, j'aime la sensation de liberté que j'ai sur un vélo. Je me demande parfois si je n'aimerais pas aussi faire de la moto.

Je ne suis jamais monté sur une moto. Un interdit parental (c'était suffisamment rare pour être respecté) que même à ce jour je n'ai jamais transgressé. Pourtant dans ma libido il y a le fantasme d'être collé au dos d'un motard qui m'enlèverait sur son monstre mécanique. J'aime la sensation de la vitesse. J'aime la sensation de se mouvoir sans être enfermé dans une carcasse méallique.

Peut-être qu'il faudrait que j'ose un jour?

Franck (4)

Franck n'aime pas sa peau. Il a la peau claire, et surtout il a des grains de beauté. Il n'aime pas les peaux blanches à grains de beauté. Pour lui un grain de beauté c'est le symbole d'une peau malade. Il préfère les peaux plus colorées, parce qu'elles n'ont pas de grains de beauté. Tu as déjà vu un arabe avec un grain de beauté? Tu as déjà vu un noir avec des grains de beauté? Eux ils ont des peaux saines.

Je ne pas sû quoi répondre à ce mal-être, à cette expression d'un rejet de soi-même. Ne pas aimer ce qu'on est, c'est en même temps très banal, très attendrissant, mais aussi un peu pathétique. Moi j'aime bien toutes les couleurs de peau, je ne peux pas prétendre à une réelle préférence, et j'ai un peu de mal à comprendre ce rejet de soi. Mais du coup, je n'ai aucun mal à imaginer que ce qu'il a vu en premier chez moi c'est ma couleur de peau. Pourtant j'ai aussi des grains de beauté...

Le métier idéal?

Parfois, quand je pense à un métier qui me conviendrait vraiment, je me dis qu'un métier en lien avec la nature ça m'aurait bien été. Un métier physiquement fatigant. Ca aurait été le pied.

En attendant je travaille dans un bureau le cul vissé sur une chaise...

Franck (3)

Pendant que nous bavardions au bord de ce jardin carré qui surplombe la vue sur les Tuileries avec la perspective de l'Arc de triomphe en toile de fond, un homme s'est approché, m'a regardé fixement, et c'est arrêté en me fixant des yeux de façon très explicite. C'était assez gênant, j'étais quand même en train de parler avec quelqu'un, et je me sentais très mal à l'aise pour le Franck qui était ostensiblement ignoré. Je fis comme si je n'avais pas vu le monsieur, même si c'était impossible.

Finalement, après un temps infini où j'avais l'impression d'être un gâteau derrière une vitrine de patissier qu'on convoite avec envie, le monsieur a fini par s'éloigner, comprenant probablement que je ne le suivrais pas.

Plus tard, nous étions toujours à bavarder au même endroit, un jeune homme est passé et m'a dit bonjour. J'ai répondu bonjour, et il a continué son chemin. "Tu le connais?", m'a demandé Franck. Non, je ne le connaissais pas, sinon je lui aurais dit plus qu'un simple bonjour, je ne suis pas aussi mal élevé que ça. "Mais comment tu expliques que des gens qui ne te connaissent pas te disent bonjour, ou comme le mec tout à l'heure te dévisagent? C'est tout de même assez étrange, ça n'arrive pas tous les jours"

"Euh, c'est parce que je suis irrésistible, non?" lui ai-je répondu, peu convaincu. En fait je n'en sais rien, c'est quelque chose que je n'ai jamais compris, mais quelque chose à quoi je suis habitué. J'ai toujours pensé que je devais ressembler à quelqu'un de connu, mais je n'ai pas encore trouvé à qui. Peut-être que je suis vraiment irrésistible? lol

Quelle crise?

En passant à vélo porte Maillot, j'ai vu un attroupement sur le trottoir. Et j'ai constaté en passant juste à côté que c'était des gens qui faisaient la queue pour aller manger au resto. Une soixantaine de personnes qui attendaient qu'une table se libère à ce resto qui paraissait déjà bien complet. Hallucinant non? C'est tellement la crise que maintenant les gens font la queue pour aller manger au restaurant...

Qu'on se le dise, la crise elle ne concerne que les pauvres! Les gens des classes supérieures vivent très bien et continuent à faire des profits, d'ailleurs ils ont choisi un président qui les aide consciencieusement. Le problème c'est qu'il y a aussi des pauvres qui ont choisi ce président qui les rend plus pauvre encore tous les jours; auront-ils un jour l'intelligence de faire un autre choix?

La crise?

La crise, la crise, mais où? Ce samedi soir à Paris quand j'ai été au ciné des Halles les terrasses des cafés étaient toutes pleines. Je vais finir par croire que la crise est un phénomène extra-parisien.