Quand j'ai su que l'écrivain Haruki Murakami sortait un livre où il parlait de son expérience de coureur de fond, le joggueur qui est en moi s'est dit qu'il ne pouvait pas ne pas lire cette oeuvre. Autoportrait de l'auteur en coureur de fond s'adresse, je pense, essentiellement aux gens qui courent. Je ne suis pas certains que les émotions qu'il décrit soient accessibles au non-coureur. Ce n'est clairement pas un ouvrage littéraire, mais une sorte de journal de bord d'un coureur qui raconte ses expériences, ses émotions, ses sensations. Ce sont des choses qui me parlent. Un livre à conseiller à tous les coureurs de fond (et peut-être aussi aux adeptes de sport d'endurance, je ne sais pas mais je pense que certaines sensations liées à la durée de l'acte sportif sont similaires).
"Pour moi, courir est à la fois un exercice et une métaphore. En courant jour après jour, en accumulant les courses, je dépasse les obstacles petit à petit et, lorsque j'ai réussi à franchir un niveau supérieur, je me grandis moi-même. Du moins j'aspire à me grandir, et c'est pourquoi je me contrains à ces efforts quotidiens."
"Durant les courses de fond, le seul adversaire que l'on doit vaincre, c'est soi, le soi qui traîne tout son passé."
"On m'a souvent demandé à quoi je pensais lorsque je courais...(...)... je cours dans le vide. Ou peut-être devrais-je le dire autrement: je cours pour obtenir le vide."
Bien que n'étant pas coureur ces propos me sont très parlant. Dès que l'on pratique le sport à un petit niveau et que l'on y éprouve du plaisir je crois que l'on parvient tous à une même sorte d'état : le goût de l'effort en tant que dépassement de soi, la recherche d'un vide intérieur, et une lutte contre soi. Lorsque je suis dans le gymnase face à ma barre chargée à bloc, il n'y a qu'une vérité : la barre passe ou elle ne passe pas. Il n'y a pas d'alternative. Plus rien n'existe autour de nous, l'univers se confine à cette relation de l'acier qui pèse sur les épaules. Le sport nous apprend que nous sommes notre pire obstacle, celui de la crainte, la peur d'avoir mal, la peur de souffrir. L'effort nous prouve que l'on peut y arriver, peu à peu, et qu'on pourra même aller encore plus loin.
Rédigé par : Tambour Major | 11/11/2010 à 22:12
>Tambour Major. Merci pour ce commentaire très intéressant, je ne pensais pas que d'autres sports (non classés d'endurance) avaient le même but de recherche du vide intérieur. Nous serions donc tous à la recherche de la zénitude?
Un petit bémol par contre sur la fin de ton message, oui nous sommes notre pire obstacle, mais parfois c'est aussi pour notre bien. En course à pied si on force trop il y a des blessures qui sont irréparables (d'ailleurs si je n'avais pas couru le dimanche de la toussaint en pensant que mon genou pouvait le supporter, j'aurais peut-être pû courir mon semi-marathon ce dimanche, ce que je ne ferai pas)
Rédigé par : Patrick Antoine | 11/11/2010 à 22:37
> Oui,bien entendu. Aller plus loin, en dépassant ses craintes et ses a priori, mais j'oubliais de préciser que je travaille sous le contrôle d'aînés bienveillants d'une part et que j'écoute aussi beaucoup mon corps d'autre part. Un genoux qui commence à vaciller, un précédent effort un peu trop appuyé ? Hop, il vaut mieux renoncer pour cette fois en ayant pourtant acquis la certitude qu'avec une meilleure forme on aurait pu le faire. Voilà le défi de la fois prochaine ! La blessure en tout état de cause est la pire chose qui puisse arriver. En haltéro les blessures sont limitées par la technique posturale (gainage, position du dos, placement des appuis). Mais lorsqu'elles surviennent la convalescence est souvent très longue... Hélas !
Rédigé par : Tambour Major | 11/11/2010 à 23:55
>Donc en résumé tu as de superbes épaules!?
Rédigé par : Patrick Antoine | 12/11/2010 à 10:33
>Haha ! Je n'irai pas jusque là mais nous dirons que je n'ai pas des épaules de gringalet ^^
Rédigé par : Tambour Major | 12/11/2010 à 11:26