Commençons par la fin: j'ai aimé ce livre de Douglas Kennedy. Pourtant ce n'était pas gagné d'avance. Les premiers chapitres ont été lus laborieusement, un chapitre par soir, sans grande conviction et sans entrain. J'ai même hésité à poser le livre dans un coin et à l'oublier. Pourtant c'est écrit de façon très agréable et très limpide, on peut dire sans hésiter que l'auteur a un réel talent de conteur.
Mais c'est juste que le sujet m'est inintéressant. Ces américains qui me parlent de leur position pendant la guerre du Vietnam me sont aussi exotiques qu'une expérience de trip psychédélique et me touchent aussi peu (j'avoue je n'ai jamais essayé aucune drogue planante, ni même eu envie d'en essayer). Ces couples qui se déchirent et s'engueulent à propose de leur position sur l'amour libre et le couple ouvert ou pas me laissent de marbre. Après tout chacun fait ce qu'il veut de son cul. Et cette fille pudibonde qui juge ses parents pour leur vie conjugale chaotique me parait aussi peu crédible qu'un éléphant bavardant avec une souris au détour d'une rue. L'idée même de mettre de la moralité dans une oeuvre de fiction m'a dérangé.
Et puis franchement, on peut encore croire ça possible à notre époque une fille qui se construirait uniquement par opposition à ses parents? Une fille qui n'aimerait que le type d'homme que ses parents regardent de haut? On peut se marier avec un homme juste pour emmerder ses parents? On peut se condamner à une vie d'abnégation par sacrifice de soi?
Alors on voit cette pauvre fille qui tombe amoureuse d'un étudiant terne et ennuyeux et dont le seul bonheur semble être d'agencer sa maison en petit nid douillet pour que son homme trouve un environnement calme et reposant à son retour, et on trouve ça pitoyable et pathétique. On la voit foutre sa vie professionnellle en l'air pour aller au chevet de sa mère à qui elle n'a pourtant pas parlé depuis des mois, on la voit foutre sa vie professionnelle en l'air pour mettre au monde un enfant arrivé là faute de précaution adéquate, on la voit foutre sa vie en l'air pour aller suivre son gentil mari terne et ennuyeux au fin fond d'une campagne paumée, on voit tout ça, on compte les pages, et on se demande quand le bouquin commencera à avoir un semblant d'intérêt. On a déjà lu cent cinquante pages, un quart du bouquin, et il ne s'est pas vraiment passé quoi que ce soit.
Et puis le téléphonne sonne, et enfon on se dit qu'il va se passer quelque chose, qu'un oiseau va venir faire voler les cartes dans tous les sens et donner une nouvelle orientation à cette lecture insipide. L'oiseau est un beau garçon dont le charme agit de suite sur la jeune femme au foyer doté d'un marmot braillard et d'un mari absent dans un village très petit où tout le monde se connait et jase en toute occasion. Crédibilité de l'histoire? Aucune! Aucune personne sensée ne ferait ce qui va se passer. D'ailleurs, même si ça apporte un regain de vitalité au bouquin, on parcourt les pages avec aussi peu d'intérêt que précédemment, se demandant juste sur quoi va déboucher cette connerie non assumée. Et là, grosse déception, l'histoire se termine. Nous sommes à la moitié du bouquin, et c'est une nouvelle histoire qui commence. Bien sûr on se doute que cette première partie interviendra d'une manière ou d'une autre dans la seconde partie, mais que de temps perdu!
Et là, grosse surprise, cette seconde partie est passionnante. Le lynchage médiatique se lit et se dévore, les relations entre les différents personnages filent et évoluent à toute allure, adieu les lenteurs inutiles de la première partie. Je n'en dirai pas plus, parce que sinon je vous gâcherai la lecture du livre en vous dévoilant ce qui va s'y passer, mais ça vaut la peine d'être lu.
En résumé un livre à lire, un livre passionnant, mais je suis certain qu'on peut ne pas lire la première partie et le trouver tout aussi passionant. il y a des coupes qui n'auraient pas été superflues. Le personnage de la mère n'apporte rien à l'histoire, d'autant plus qu'il n'est même plus présent dans la seconde partie. De même le personnage de sa remplaçante est tout aussi inutile. Et franchement je me serais passé du dernier chapitre en forme de happy end, mais il semblerait que ce soit un travers de beaucoup d'écrivains américains. Bonne lecture!
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