Dimanche, une semaine que j’ai couru le marathon de Nantes, et je n’ai pas encore trouvé le temps de vous raconter comment ça s’est passé. Alors voilà.
Il faisait beau ce week-end, la journée s’annonçait ensoleillée. La veille je m’étais promené dans les rues de Nantes en short et je m’étais étalé au soleil sur les pelouses des douves du château. Bien sûr pour courir un temps un peu plus gris aurait été le bienvenu, mais on fait avec ce qu’on a.
Le dimanche matin, je me suis levé un peu tôt pour un dimanche (le départ était à 9h, le réveil a sonné vers 7h30. Le temps de prendre une douche, un bon café bien serré, de s’habiller en faisant bien attention aux chaussettes, et de se mettre un peu de crème sur les têtons, il était 8h passées. Je suis descendu en short baskets avec le beau t-shirt de mon club et j’ai couru à allure tranquille les dix minutes entre l’hôtel et le départ de la course.
Nous étions annoncés un peu plus de 3000 coureurs, d'après les inscriptions. Je me suis mis tranquillement dans le sas de départ, et j'ai attendu. Le coup de pistolet a retenti, et nous nous sommes élancés. Comme tous les départs de course, on a un peu de mal à trouver son allure sur le premier kilomètre, d'autant plus qu'il y avait quelques pavés qui ne faisaient pas le bonheur de tout le monde.
Au kilomètre 5 mon chrono indiquait 26 minutes 15. J'étais bien dans ma course, tout allait bien.
Au kilomètre 10 j'avais 24 minutes 25 de plus, soit 50 minutes 40 pour ces dix premiers kilomètres. J'étais bien mais me disais qu'il ne fallait pas aller trop vite quand même, ne pas aller plus vite que cinq minutes au kilomètre.
Au kilomètre 15 encore 27 minutes 08 de plus, soit un total de 01 heure 17 pour les 15 premiers kilomètres. Toujours en pleine forme, allure tranquille sans forcer. Cependant je me demandais si je n'allais pas un peu vite. Mais bon, tant que les jambes se sentent bien on continue.
Au kilomètre 20 j'avais 26 minutes 18 de plus, soit 01 heure 44 pour les vingt premiers kilomètres. Mieux qu'aux 20km de Paris courus en octobre dernier. Je me suis dit que soit j'étais en forme, soit ma préparation a été bien faite. Je me suis même pris à penser que si je continuais comme ça j'étais en passe de battre mon record (qui est de 3h45 au marathon).
A la borne intermédiaire du semi-marathon j'étais à 1h50m28s, soit le même temps que pour le semi-marathon de Paris couru en mars. Toujours bien dans ma tête et dans mes jambes.
Au kilomètre 25 je ne sais pas à combien j'étais. Je n'ai pas vu le panneau. C'est là que j'ai perdu ma course. Au ravitaillement du 25ème kilomètre j'ai voulu prendre de l'eau, tous les coureurs étaient agglutinés, j'ai piétiné en avançant un peu, et finalement j'ai dépassé le ravitaillement sans avoir vu l'eau, je n'avais vu que les boissons sucrées énergisantes. Vingt mètres plus loin je me suis demandé s'il ne valait pas mieux faire demi-tour pour aller chercher de l'eau, mais dans ma tête il était écrit "on ne fait jamais demi-tour dans une course", alors j'ai continué. C'est à ce ravitaillement que le meneur d'allure des 3h45 m'a doublé sans que j'essaie de m'accrocher. C'est à ce moment là que dans ma tête j'ai abandonné l'idée de me forcer un peu et d'essayer de battre mon record. Je me suis juste dit "on finit", les quatre heures sont à portée de main et c'est déjà très bien pour un retour au marathon.
J'ai passé le kilomètre 30 à 2h41. Il me restait encore 1h20 pour faire les 12 kilomètres restants, c'était largement jouable. Il faisait chaud, certains avaient abandonné, d'autres avaient l'air de souffrir. J'ai fait une plaisanterie sur la bretagne où il pleut soit-disant toujours mais ça n'a amusé personne. En fait il faisait vraiment chaud, la sueur séchait toute seule sur nos fronts, et j'ai commencé à prendre les éponges mouillées qui nous étaient proposées tous les cinq kilomètres.
3h12 quand je suis passé au 35ème kilomètre. Au ravitaillement dans le Jardin des Plantes j'ai été obligé de m'arrêter pour boire, il était impossible de faire autrement. Pourtant je sais qu'il ne faut jamais s'arrêter. Et d'ailleurs j'ai eu mal aux cuisses en repartant. La course a continué, et on pouvait facilement remarquer que dans les rues les coureurs choisissaient le côté à l'ombre. Quelle idée d'avoir un ciel sans nuage pour courir un marathon!
33 minutes plus tard j'étais au 40ème kilomètre. Mon chrono affichait au total 3h46, c'était gagné. Un quart d'heure pour courir les deux kilomètres finaux c'était largement suffisant. Cette fois-ci je me suis délibérément arrêté, j'ai bu tranquillement, et j'ai continué en marchant, savourant l'ombre de ce passage. Puis j'ai vu le meneur d'allure des 4h qui passait, et je me suis dit qu'il faudrait peut-être qu'en même le finir ce marathon. Alors je suis parti, très lentement au début (le prix à payer à chaque fois qu'on s'arrête, il faut remettre la machine en marche, les cuisses hurlent), puis un peu plus rapidement, me permettant même un sprint sur les derniers deux cent mètres avec les arches pneumatiques de l'arrivée en ligne de mire.
4h02m12 au final. Content de moi, rassuré sur l'état de mon corps et de mes capacités. Mon cinquième marathon (le troisième à Nantes) et mon deuxième meilleur temps (le meilleur à Nantes). Promis je recommence l'année prochaine, je peux faire mieux avec un entraînement plus sérieux.
Par contre je me demande s'il ne faudrait pas que j'essaie d'apprendre à courir en autonomie, parce que devoir m'arrêter pour boire aux ravitaillements m'a vraiment pénalisé. Et comme je ne consomme que de l'eau et un sucre ou deux sur la deuxième partie de course ça devrait être jouable.
Le prochain marathon ce sera le 30 octobre à Vincennes, je suis inscrit, et a priori il devrait faire un peu moins chaud que ce dimanche à Nantes.
Je suis incapable de boire sans m'arrêter. L'eau se retrouve partout sauf dans ma bouche.
Rédigé par : Kevin Zaak | 24/04/2011 à 21:55
j'ai le même problème avec les gobelets, mais avec une bouteille ou un sac à dos avec un tuyau ça devrait pouvoir se faire?
Rédigé par : Patrick Antoine | 24/04/2011 à 22:00
Chapeau quoiqu'il en soit.
Rédigé par : Olivier Autissier | 25/04/2011 à 01:14
Je suis admiratif face à la gestion de l'effort sur une si longue durée. Les années d'entraînement ne sont pas superflues pour connaître son corps, ses limites, savoir quand on se fait du mal ou au contraire savoir quand on peut encore fournir du jus alors que l'on est épuisé.
Rédigé par : Tambour Major | 25/04/2011 à 20:05
> Merci Olivier!
> Moi aussi Tambour Major je suis admiratif sur cette capacité à connaître ses limites, à savoir quand on peut encore fournir du jus alors qu'on est épuisé. Je ne désespère pas d'y parvenir un jour...
Rédigé par : Patrick Antoine | 25/04/2011 à 21:31
@P.A. : Parvenir à boucler un marathon est déjà la preuve d'une jolie maitrise du sujet il me semble.
Rédigé par : Tambour Major | 26/04/2011 à 00:32
>TM. Je mentirais si je disais que j'ai été au bout de mes possibilités et que je me suis dépassé. J'ai surtout géré les limites de mon confort physique, sans jamais me mettre en danger
Rédigé par : Patrick Antoine | 26/04/2011 à 21:24