Au début, quand on entame les premières pages de ce roman d'Abdellah Taïa, on ne sait pas vraiment où on est. Rêve, réalité, on ne sait pas. Mais on se laisse happer par le rythme des mots, le rythme des phrases, en admettant qu'une phrase si elle commence par une majuscule et se termine par un point ne comprend pas forcément pour autant un sujet et un verbe. Par exemple "Vraiment lui." est une phrase, "Trop bien." en est une autre, "Un visage rond." une troisième. Abdellah Taïa réinvente les règles de la ponctuaction, il crée sa propre langue, son moyen d'expression personnel. C'est un conteur et son rythme nous envoûte et nous charme pour mieux nous emporter où il le veut.
Il y a le rêve, et il y a les deux enfants, meilleurs amis d'école, celui qui est riche, celui qui est pauvre. Il y a les pères, les mères, la servante noire, la prostitution, la magie, la possession, les mauvais sorts. Ce livre ne se raconte pas, il y perdrait son intérêt. Il ne se raconte pas, il se lit. Comme un long poème à mi chemin entre la réalité et les songes, comme un voie de passage entre les saints et les criminels, entre la puissance des riches et la force des pauvres.
Ce n'est pas mon préféré, mais c'est vrai qu'il a un indéniable talent de conteur (qu'avait aussi Rachid O.)...
Rédigé par : christophe | 23/06/2011 à 21:39
Le seul truc que j'ai lu de Rachid O c'est "Plusieurs vies", je n'en ai pas gardé un souvenir impérissable (mais ça a plus de dix ans...)
Rédigé par : Patrick Antoine | 28/06/2011 à 22:25