Impossible d'ouvrir un journal d'informations sans entendre parler de DSK et d'y entendre quelqu'un qui se félicite que le monsieur soit maintenant en liberté non surveillée et puisse espérer être bientôt parmi nous. Tout ça parce que la plaignante supposée-victime serait une menteuse et une personne avec un passé non-irréprochable. Est-ce à dire que les personnes de peu de moralité sont violables à merci? Aujourd'hui on ne se pose plus la question de savoir s'il y a eu viol ou pas, mais juste de savoir si la plaignante est crédible. Dérapage abject à mon goût!
On se repasse une conversation où elle aurait dit que le monsieur était riche et qu'elle avait de l'argent à y gagner. Et alors? N'est-ce pas une réaction saine de la part d'une personne qui a eu une vie pas facile? Si vous vous étiez fait abuser par une personne de beaucoup de moyens, n'auriez-vous pas essayer d'en tirer profit?
On dit qu'elle aurait menti pour avoir des papiers américains. Qui ne l'aurait pas fait à sa place? Qui ne rêve pas d'un monde meilleur? Qu'est-ce qu'un mensonge pour pouvoir survivre? Si vous vous aviez vécu sa vie misérable sans espoir au fin fond de l'afrique noire, n'auriez-vous pas rêvé à un eldorado américain? Il ya plein de gens de nos jours qui meurent en essayant de vivre dans des territoires où ils auraient un avenir (il suffit de regarder aux frontières de l'europe), qu'est-ce qu'un mensonge pour arriver à cette fin?
On dit que son comportement était un peu trop théâtral lors des interrogatoires, jusqu'à se rouler par terre ou fondre en larmes pour un oui pour un non. Et alors? En quoi c'est accablant?
On dit que... on dit que... on dit que...
Il y a pourtant une chose sur laquelle personne ne doute: il y a une relation sexuelle dans cette chambre. Consentie ou non, il y a eu une relation sexuelle entre une femme de chambre qui trime pour gagner sa vie et qui nettoie des chambres dans lesquelles elle n'aura jamais les moyens de dormir et un homme qui en un quart d'heure gagne ce qu'elle gagne en une vie et qui d'un claquement de doigt peut lui faire perdre son emploi. Et ça ça me révulse. Ca pour moi c'est condamnable.
Et savoir qu'il y a tant de personnes politiques en France qui ne s'étonnent pas de cet état de choses, qui semblent partir du principe qu'une relation sexuelle consentie avec le personnel de service est une chose normale et acceptable me dégoûte. Je pensais naïvement que le droit de cuissage n'existait plus, il est finalement très acceptable pour beaucoup de personnes.
Il n'y a donc que moi qui soit choqué par le fait que DSK ait des relations sexuelles avec des employées de ménage dans les endroits où il séjourne?
C'est peut-être Stauss Kahn qui a été violé...
Rédigé par : RPH | 03/07/2011 à 21:40
Non, je suis moi aussi outré par l'attitude de certains machos qui ne voient chez toute femme qu'un assouvissement possible de leur libido et ne peuvent s'empêcher toute remarque de drague de bas étage. La difficulté quand on dit ça c'est de se faire voir comme un prude et pubidond américain de base.
Rédigé par : Kigou | 04/07/2011 à 16:10
>RPH. On va finir par le croire!!
>Kigou. Il n'y aurait donc que les américains qui ne seraient pas des dragueurs un peu lourds? C'est un peu le cas de la majorité des gens civilisés sur notre planète. Seuls les méditerranéens restent des incorrigibles retardés sexuels en fait.
Rédigé par : Patrick Antoine | 05/07/2011 à 23:39
Longtemps anonyme, clandestin, un peu honteux, l’obsédé a accédé, grâce aux médias et aux policiers réunis, à une notoriété dont il se serait bien passé. Il bénéficiait à mi-voix du statut plutôt valorisant d’Homme qui ne pense qu’à ça. Ses amis saluaient son infatigable virilité malgré leur déception de ne pas partager ses bonnes fortunes. Sa famille s’accommodait de ses frasques tant qu’il ne s’en prenait pas à la petite dernière ou au canari. Les bonnes à tout faire lui devaient la pérennité de leurs fonctions. N’étant pas encore considéré comme un malade, personne ne se mêlait de vouloir le soigner. Tout au plus veillait-on à ce qu’il ait sa dose, à ce qu’il ne se retrouve pas, lui, l’adepte du flux tendu, en rupture de stock. Aucun folliculaire ne se serait risqué à invectiver sur son fougueux tempérament pourtant signalé par l’œil racoleur, la main baladeuse et le pied fureteur comme si tout le corps servait d’avant-garde au sexe. Les contemporains les plus jaloux se bornaient à poser mentalement sur le front de son épouse, si digne, si courageuse, si fidèle, une ramure empruntée aux cervidés. Lui-même demeurait discret, voir prudent lorsque, à la nuit tombée, après avoir rafraîchi sa barbe, il rasait les murs et partait en chasse comme Jack l’Eventreur, persuadé qu’il ne fallait pas perdre une minute.
Et puis vint un haut fonctionnaire international, soi-disant doté du statut de chef d’Etat, mais auquel il ne fallut que dix minutes pour passer les menottes sous les regards éberlués du monde entier.
En quelques semaines, des rubriques dédiées à ses débordements apparurent dans la presse, aussi quotidiennes que les faits divers et les mots croisés. Chaque matin, des braves gens, fiers de dominer leurs pulsions, se repaissaient de ses turpitudes. Non seulement la liste de ses conquêtes (plus ou moins consentantes) ne cessait de s’allonger, mais on livrait en même temps à l’opinion publique un catalogue de ses pratiques assorti d’un maximum de détails. Grâce à des chaînes de télé ravies de payer moins cher des fuites policières que les films pornographiques, la planète sombrait dans la débauche, faisant des gorges chaudes du sexe oral, examinant à la loupe la moquette qu’il avait foulée avant que les experts ne la découpent, ne laissant nul coin de ses alcôves où la quête d’ADN ne passe et repasse, exhumant ses anciennes liaisons, autopsiant le plus innocent de ses flirts, supputant ce qu’on n’avait pas encore établi, versant un pleur hypocrite sur le chagrin de sa famille, fouillant ses portables, dressant la liste de ses pourvoyeurs. Tandis que des livres et des films sont en fabrication, son système de défense nous met tous en accusation. Le traite-t-on de bourreau ? Il est à redouter que la frontière de la bonne vieille pudeur ayant été franchie, on ne revienne jamais en arrière et qu’il ne se produise plus un geste dit, par antiphrase, déplacé ou une proposition injustement qualifiée de malhonnête alors qu’elle offre la double vertu d’être franche et précise, sans que dans le plus petit hameau on n’en soit informé. Si le Grand Libertin choisit la retraite, d’autres patachons prendront la relève : le ver est dans le fruit. Les chambres à coucher ne seront plus des refuges mais des observatoires. Le secret de la libido aura vécu. Nous scruterons désormais la moindre galipette comme les douaniers des aéroports scannent les sous-vêtements, au nom d’une morale, justiciable du carré blanc et allant désormais aussi loin que ceux qu’elle prétend fustiger.
Rédigé par : DAVID | 25/02/2013 à 00:35