Quand je suis sorti de la librairie des Mots à la bouche ce joli jour de fin de printemps j'étais de bonne humeur à l'îdée de lire ce livre d'Alexandre Bergamini, un homme de mon âge qui raconte une histoire qui ne peut que me concerner. Je me suis assis sur un banc dans un square à l'ombre des tilleuls et j'ai commencé ma lecture.
Première page sans intérêt. Deuxième page idem. Troisième page, pareil. Quatrième encore. A la cinquième on lit "Les juifs du XVe siècle, sentant les pogroms s'organiser de toute part en Europe, prirent les noms des métiers qu'ils pratiquaient, des villes qu'ils habitaient." On ne voit pas ce que ça vient faire là, mais on en déduit que l'auteur est juif et que son nom vient probablement de la ville italienne de Bergame.
Les paragraphes se suivent, sans aucun rapport les uns avec les autres, un patchwork désordonné. J'ai envie de poser le livre, mais je continue. Page 23 je lis "Je conçois le corps des autres pareils au corps du Christ crucifié, nu sur la croix" et je trouve ça bizarre dans la bouche d'un jeune adolsecent.
Page 25 je lis "Les corps d'Auschwitz hantent mes nuits. Les cadavres se mêlent aux fantasmes. Un amas de corps nus, un amoncellement de vieillards, d'hommes, de femmes, d'enfants précocement mutilés. Mon corps sur un tas avec d'autres. Ligotés, anéantis." Je trouve ça morbide et répugnant.
Je suis choqué par le mot Lebensborn à la page 26 où l'auteur compare le collège à un camp de concentration. Je commence vraiment à me demander ce que je suis en train de lire.
Quand page 36 j'ai lu "Lorsque j'entends CD4, le système immunitaire des globules blancs, j'entends "c'est T4": Tiergarten 4; le programme nazi d'extermination des handicapés, des malades mentaux, des délinquants et des homosexuels", j'ai fermé le livre. Je me suis dit que je n'avais pas envie de lire les élucubrations d'un malade qui compare sa maladie à un programme d'extermination des juifs. On peut l'accepter dans la bouche d'un homme qui a connu cette période, mais pour un homme de ma génération c'est juste une aberration mentale. J'ai remis le livre dans mon sac avec les autres et j'ai profité du temps doux et du soleil serein.
Evidemment je n'en suis pas resté là, j'ai repris le livre plus tard, et je suis tombé sur un passage qui m'a donné envie de continuer. Finalement j'ai même été jusqu'au bout du livre, et j'en arrive même à la conclusion qu'il vaut la peine d'être lu.
Par contre on aurait aimé que l'auteur le relise et fasse quelques coupes, parce que par moment on a vraiment l'impression de lire du remplissage. Il y a des passages qui sont vraiment très bien écrits, des questions posées très intéressantes, des interrogations pertinentes, des accusations justifiées. Mais il y a aussi beaucoup de blabla et de misérabilisme, de délire de la persécution, des notes de journal inutiles (était-ce vraiment nécessaire de nous retracer tout le débat du sang contaminé de façon aussi exhaustive?). Bref il y a à boire et à manger dans cet écrit qui hésite entre le roman, l'auto-biographie, la poésie, le pamphlet, et que sais-je encore, à vous d'y trouver votre bonheur!
Disons les choses autrement : un livre écrit par et POUR l'auteur lui même, en guise d'auto confession, d'auto psychothérapie. Donc soyons honnête un livre sans intérêt ? En tous cas pas envie de l'acheter et encore moins de le lire !
Rédigé par : Kigou | 12/09/2011 à 17:22
>Kigou. Je ne sais pas si le but a été atteint, mais en lisant ce livre on se dit qu'effectivement le monsieur a des problèmes à régler avec lui-même (mais n'est-ce pas un peu le propos de beaucoup d'écrivains?)
Rédigé par : Patrick Antoine | 12/09/2011 à 21:57