Voilà bien un livre que je n'aurais jamais lu si on ne me l'avait pas mis dans les mains. Pensez-vous, un énorme pavé qui raconte une histoire de bonnes, en quoi ça pouvait retenir mon attention? D'ailleurs je ne comprends pas ce titre pompeux, La couleur des sentiments, alors que le titre original est The Help. Pour moi ç'aurait été Les Bonnes, tout simplement. Pourtant j'ai beaucoup aimé cette histoire, cette écriture, ce livre.
Cependant je me dois tout de même de mettre un bémol à mon enthousiasme. Cette histoire de toilettes séparées m'a gonflé. Chez moi aussi quand j'étais petit il y avait une bonne. Le matin elle se changeait dans une pièce sur le côté de la maison qui était la sienne et où je ne suis jamais rentré. Il y avait une douche et ses toilettes. Ca ne m'a jamais choqué. Même aujourd'hui ça ne me choque pas. Toute personne devrait avoir le droit à un lieu privé rien qu'à soi. Et ce n'était évidemment pas une question de couleur de peau. D'ailleurs je suis convaincu que même aujourd'hui en plein Paris les gens qui ont du personnel à demeure ont aussi des toilettes séparées et ça ne me gêne pas. Aussi que toute l'intrigue du roman tourne autour de cette histoire de toilettes séparées m'a un peu agacé.
Pour le reste, j'ai beaucoup aimé ce roman. C'est un pavé de plus de cinq cents pages, mais il se lit très rapidement, quitte à y laisser une nuit blanche, tant on ne veut pas le poser jusqu'au lendemain. L'évocation de cette période que d'aucun pensent révolue m'a beaucoup intéressé, et on ne peut s'empêcher de penser à cette chanson que chantait Billie Holyday ou Nina Simone, Strange Fruit. Je vous engage vraiment à lire le livre avant de voir le film.
Parce que oui, il a été adapté en version cinéma et sera bientôt sur nos écrans, et d'après la bande-annonce que j'ai vue, ça sera certainement beaucoup moins engagé et réaliste que le roman. En même temps c'est un peu normal, retranscrire la terreur latente avec cette ligne entre les blancs et les noirs que personne ne peut franchir sous peine de mort ou de condamnation sociale est une gageure qu'aucun réalisateur ne voudrait aborder, ce ne serait pas du cinéma populaire. Et le cinéma américain aime le populaire, je crains d'avance le happy end qu'ils vont nous inventer. En attendant, bonne lecture!
Sinon l'auteur s'appelle Kathryn Stockett et c'est son premier roman, j'ai hâte de découvrir le second.
Je te le confirme, dans mes deux derniers emplois, il y avait des toilettes séparées !
Que nous partagions Demba et moi.
Rédigé par : mume | 04/10/2011 à 08:11
Et était-ce gênant?
Rédigé par : Patrick Antoine | 04/10/2011 à 21:40
Tu m'as donné envie, je viens de l'acheter !
Rédigé par : Olivier Autissier | 08/10/2011 à 17:53