Mais qu’est ce qui est passé par la tête de Gaël Morel pour qu’il nous sorte ce film répugnant et sans issue où tous les travers imaginables sont exposés comme autant de choses naturelles ? Tout commence par une scène d’intérieur où un prostitué rencontre une vieille folle qui déblatère et où, agacé par la logorrhée de la chose, il finit par l’étrangler avec le fil électrique de l’électrophone.
Le décor est planté, on caricature à outrance et on étale de la violence gratuite. D’ailleurs comment Gaël Morel fait-il pour rendre identifiable un prostitué ? Il lui met une chemise à fleurs et un brillant à l’oreille. C’est un peu désolant. Quand à la vieille folle, elle bat des ailes comme un papillon et va se rafraîchir le visage en se tapotant sur les joues devant son miroir miroir mon beau miroir dis moi que je suis encore belle. Cette première scène est désespérante, et tout le film est pareil.
Le prostitué, incarné par Stéphane Rideau, est une grosse brute épaisse quarantenaire qui ne supporte pas de vieillir et essaie de faire croire qu’il a toujours trente ans. Evidemment personne n’y croit, et sa recherche de client devient de plus en plus difficile, d’autant plus que son caractère n’est pas des plus faciles. Il tombe dans le bois de Boulogne sur un jeune homme laissé pour mort, un adolescent grandi trop vite à la maigreur cadavérique et blond comme le nom qu’on lui donnera, Angelo. Le mineur supposé et son sauveur vont alors former un couple improbable qui sèmera la mort sur son passage partout où il passera avec une impûnité et une absence de sentiment assez effroyable.
Les clients sont aussi déjantés et caricaturaux que la paire de prostitués. Pas un client normal dans le lot pour rattraper l’autre. Que des mecs vieux et bedonnants à la sexualité en dehors de la norme. Je ne suis pas un prostitué, mais j’imagine qu’il y a quand même dans la majorité des rapports monnayés des relations sexuelles banales avec des gens au physique banal. Pas dans ce film. Dans ce film on vous lèche les pieds dans de grands appartements avec vue dégagée, on se fait attacher et baillonner dans des harnais de cuir, on utilise des masques à gaz et des rats dans des demeures cossues, bref la course à l’insolite est en marche. C’est juste répugnant, on se demande qu’elle sera la prochaine perversion de l’auteur. Et bien sûr on tue à tout va, on a le coup de couteau facile et le goût du sang.
Il y a une partie plus paisible ensuite, quand le film se repose en province et où une Béatrice Dalle que je n’ai reconnue qu’à l’écart de ses dents tant elle est métamorphosée joue les mères aimantes dans une vie paisible avec un enfant. Mais le repos est de courte durée, et il n’y a finalement pas grand-chose de regardable dans ce film. On est bien content quand ça s’achève et que les lumières se rallument, et on regrette d’avoir regarder cette chose et contribuer par sa présence au succès d’un film aussi détestable.
A moins que vous n’ayez des goûts très particuliers, je vous le déconseille vraiment. On dirait un mauvais remake d’un Patrice Chéreau avec une caricature aussi torturée qu’un Jean-Hugues Anglade dans ses mauvaises heures.
Le problème de GM, c'est qu'il n'a rien trouvé de mieux pour draguer que de dire qu'il est réalisateur (ou pire : scénariste), et de temps en temps, il se croit obligé de le prouver...
Rédigé par : christophe | 03/10/2011 à 22:22
Hum, on sent tout de suite tout l'amour dont tu débordes envers lui, il a de quoi s'y noyer!
Rédigé par : Patrick Antoine | 04/10/2011 à 01:45
'On dirait un mauvais remake d’un Patrice Chéreau avec une caricature aussi torturée qu’un Jean-Hugues Anglade' : c'est exactement ce que j'ai dit en voyant la bande annonce.
Rédigé par : orpheus | 04/10/2011 à 09:49
Je n'avais pas vu de film aussi navrant et inutile depuis bien longtemps ...
Rédigé par : gayquadra | 04/10/2011 à 10:33
>Orpheus. Les grands esprits se rencontrent! (j'espère que tu n'es pas à No Fun's Land le week-end du 5 novembre?)
>GayQuadra. Quelle chance tu as, parce que des films inintéressants j'en vois quand même pas mal à l'écran...
Rédigé par : Patrick Antoine | 04/10/2011 à 21:45