Entre Noël et le jour de l’an j’ai enfin trouvé le temps d’aller voir l’expo Fra Angelico au musée Jacquemart-André. Parce que j'aime beaucoup l'art russe et les icônes dorées. Ca n'a rien à voir? Oui, peut-être. Mais je retrouve dans le goût pour la dorure de ce moine florentin du 15ème siècle le côté sobrement clinquant de cet art religieux orthodoxe.
C'était la première fois que j'allais voir une expo au musée Jacquemart-André et franchement ce fut plutôt une déception. Quand on arrive dans la cour intérieure on a l'impression qu'il y a un immense espace disponible et une fois à l'intérieur on se rend compte que l'espace dédié à l'exposition est assez restreint. D'ailleurs l'espace dédié à la restauration est deux fois plus grand, tout est dit. Concernant les pièces dédiées à l'exposition, elles sont petites, la circulation n'y est pas logique, les éclairages sont mal foutus. Vraiment pas l'impression que quelqu'un a essayé de mettre les oeuvres exposées en valeur, plutôt l'impression que c'est un éclairage neutre qui est installé une fois pour toute quelle que soit l'expo en cours. En fait je n'y suis pas resté très longtemps, je n'ai pas vraiment aimé. D'autant plus qu'au moins la moitié des oeuvres exposées n'étaient pas de Fra Angelico mais de ses contemporains.
Une chose à laquelle j'ai été sensible en regardant cette expo, c'est le choix des couleurs utilisées. Je venais de lire un livre de Michel Pastoureau sur les couleurs et d'y découvrir que le bleu, cette couleur aujourd'hui la plus appréciée dans notre monde occidental, était à l'époque des romains une couleur honnie et qu'elle ne fut popularisée en Europe qu'à travers le travail des moines religieux au 12ème siècle. Avant la Vierge Marie portait des vêtements de deuil, le deuil de son fils. A partir du 12ème siècle son manteau devient bleu, parfois même sa robe. Peinte par Fra Angelico, elle porte quasi systèmatiquement une robe rouge et un manteau bleu. Aujourd'hui personne n'imaginerait la peindre autrement qu'en robe blanche et manteau bleu. Les habitudes évoluent...
En sortant j'ai trouvé sur l'étal d'une librairie voisine un bouquin consacré à Fra Angelico (le catalogue de l'expo ne m'avait pas intéressé) que j'ai feuilleté et à un moment mon regard s'est arrêté sur un saint noir. J'ai feuilleté d'autres pages, et remarqué que Fra Angelico peint son Saint Jean-Baptiste d'une couleur définitivement bronzée. Ca m'a un peu surpris. Surtout que je ne pense pas que ce soit encore le cas aujourd'hui. Quelqu'un a t-il décidé un jour que tous les saints devaient êtres blancs? Je connais assez peu de représentations religieuses où tous les élus ne sont pas blancs, même si tout le monde se doute vu le lieu géographique où cette histoire s'est passée que beaucoup de ces gens devaient tout de même avoir des traits et des couleurs plutôt moyen-orientales.
D'accord avec toit sur l'espace consacré aux expositions temporaires au MJA mais j'espère que tu en as au moins profité pour faire un tour dans ce fabuleux hôtel particulier avec ses portes coulissantes depuis le plancher pour agrandir le salon, sa salle de musique, etc !
Rédigé par : Kigou | 11/01/2012 à 10:11
Il y a eu des saints noirs: le plus celebre est st Benoit l Africain moine a Palerme au 15eme siecle dont on retrouve la statue, São Bento Preto(St Benoit le Noir), dans toutes les eglises bresiliennes frequentees par les esclaves, tres populaires aujourd hui encore.Lorsque le Pape actuel a pris son nom beaucoup de bresiliens ont cru qu il se reclamait de leur saint mais ce n etait pas le cas.
Il est vrai qu il y a plus de saint blancs que noirs :-0
Rédigé par : Alain | 11/01/2012 à 19:30
>Kigou. Oui, j'en ai profité pour faire le tour du bâtiment (je crois qu'on n'a pas vraiment le choix pour aller voir les expo à l'étage)
>Alain. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils ne sont pas très visibles dans l'iconographie occidentale et que certains avec le temps ont été "blanchis" pour passer à la postérité picturale
Rédigé par : Patrick Antoine | 16/01/2012 à 21:56