J'ai entendu parler de ce livre à la radio par un critique élogieux, le nom de David Lelait ne m'était pas inconnu, j'en ai noté le titre sur une liste. Si le nom ne m'était effectivement pas inconnu (j'ai un bouquin de lui dans ma bibliothèque depuis 1998), le bon souvenir associé à ce nom en revient en fait à un autre David, David Leavitt, ma mémoire commet parfois des erreurs.
Ce livre est sorti la première fois au printemps 2006 mais n'a pas du tout marché à l'époque. Le bouche à oreille la remit dans le circuit littéraire en cette fin d'année 2011.
Le livre Poussière d'homme de David Lelait commence par la mort d'un homme, un 3 avril. L'auteur perd son compagnon. Alors il y a la scène de l'enterrement, avec la famille du défunt, les amis qui sont là pour nous aider à traverser l'épreuve, et forcément on est ému. Parce que ça nous évoque à nous aussi des moments douloureux, des êtres chers perdus. J'avoue avoir eu la larme à l'oeil, et à un moment j'ai dû posé le livre parce que ça remuait trop de choses en moi.
Et puis le récit continue, revient sur l'histoire commune de ces deux hommes, la façon dont ils se sont rencontrés dans un bar sombre, la première absence, les retrouvailles, la découverte d'un sentiment qui grandit. C'est agréable à lire, le récit continue.
Page 41 on lit "une semaine maintenant que le monde a effacé ton nom de la liste de ses vivants. Du coup, je l'ai rattrapé au vol et accolé au mien. Il me semble que tu disparais un peu moins..." On pense à un procédé de style, mais on se rend compte que dans la vie réelle l'auteur s'appelle maintenant David Lelait-Helo. Je ne sais pas pourquoi, ça m'a un peu gêné cette façon de s'approprier les morts qui ne peuvent plus donner leur avis.
Le récit devient pathétique, l'auteur ne peut pas accepter la mort, il se noie dans des voyages en train interminables, ressasse son passé, son bonheur perdu. Très rapidement ça devient lassant. Et on finit par poser le livre par ennui.
Ensuite il y a les dernières (et premières!) vacances ensemble sous le soleil de la Grèce. Le récit hagiographique continue, ce n'est pas "il était beau, il était blond, il sentait bon le sable chaud" mais c'est tout comme. Ca ne nous émeut plus, on est proche de l'indigestion.
Puis viennent les pages où le cancer fait son apparition, la ponction, la première chimiothérapie... et la mort à la fin.
Quand j'ai reposé ce livre après l'avoir fini, j'ai juste ressenti un grand malaise. Je me suis dit que je venais de lire l'histoire d'un homme qui avait vécu une relation relativement brève (un an? deux ans maximum?) avec un homme et qui avait décidé de vivre perpétuellement dans le souvenir de cette passion et de cet homme. Faire ce choix quand on n'a même pas quarante ans et se condamner à la solitude perpétuelle m'effraie. Il y a quelque chose qui me dérange dans cette façon de se complaire dans le passé, cette façon de refuser d'aller de l'avant et de rester scotché sur cette image d'un grand homme aux yeux bleus et aux cheveux blancs qui promène son chien le long du canal Saint-Martin.
C'est la passion! C'est plus intense et.....bien pire que l'amour (selon moi).
Rédigé par : Gardenia | 17/02/2012 à 09:24