Certains s'en souviennent peut-être, à un moment j'avais écrit sur ce blog sur les hommes rencontrés cet été. J'avais fait allusion à un homme qui méditait, mais je n'avais jamais vraiment raconté l'histoire. Sauf que l'histoire s'est répétée ces jours passés.
J'ai rencontré joli monsieur pour la première fois cet été, un lundi de canicule, le 15 août dernier. Le coup de coeur fut immédiat. Il était grand (enfin il faisait "ma" taille idéale), il avait de beaux cheveux noirs bouclés, un torse large et des épaules musclées, une dentition blanche, il écoutait de la musique classique et jouait du piano, il était juste parfait.
Nous nous sommes revus le lendemain, le mardi, et le surlendemain, le mercredi, et le jour d'après, le jeudi, il a dormi à la maison et nous avons été courir le vendredi matin ensemble aux Buttes-Chaumont. Il était juste celui dont j'avais toujours rêvé, celui à qui j'étais prêt à consacrer ma vie, c'était une évidence.
Nous devions nous revoir le dimanche, nous ne nous sommes jamais revus. Joli monsieur trouvait que ça allait trop vite, il voulait réfléchir, prendre le temps. Il a tellement réfléchi qu'il n'a plus donné signe de vie.
Nous nous sommes croisés à nouveau quelques mois plus tard, ce 1er février. Il m'a dit être content que je lui ai fait signe, que ça lui faisait plaisir, blablabla, et m'a proposé de passer chez lui le lendemain boire le thé, histoire de bavarder.
Le lendemain donc, jeudi 2 février, j'ai bravé le froid à vélib pour aller boire un thé chez lui. Nous avons bavardé, bavardé, pour finir encore en position horizontale. Je l'ai arrêté avant que les derniers vêtements ne tombent, lui disant que ce serait bien qu'il sache ce qu'il veut avant d'aller plus loin. Je ne le voyais pas prêt à vraiment s'engager. Je le sentais encore empêtré dans son passé.
Il m'a proposé le lendemain d'aller au ciné ensemble et nous nous sommes vus le samedi après-midi. A la première phrase qu'il a prononcée une fois installés dans la salle de cinéma j'ai compris qu'il n'était pas prêt, pas encore. J'ai même failli me lever et sortir de la salle avant que le film ne commence. Je ne l'ai pas fait, sans vraiment savoir pourquoi, mon intuition me trompe rarement. Mais le monsieur était tellement à mon goût...
En sortant du ciné il a proposé qu'on dîne ensemble chez moi, et je suis passé en rentrant par le chinois du coin pour prendre des plats à emporter. Soirée tranquille, soirée paisible, et je l'ai mis dehors peu après minuit. S'il voulait qu'on prenne le temps de se connaître, nous allions prendre notre temps cette fois-ci.
On devait se voir le mercredi soir, il a appelé le jeudi en disant qu'il avait une gastro. Je n'y ai pas vraiment cru, même si j'ai appris le lendemain que c'était vrai. Je lui ai quand même dit que c'était peut-être aussi psychosomatique et qu'il avait des choses à affronter. Il sait que je peux être là pour lui, mais il sait aussi qu'il fallait prendre une décision de son côté. Il ne l'a pas prise. Il devait rappeler ce week-end, il ne l'a pas fait. Et je sais qu'il ne le fera pas.
Joli monsieur a vécu une grande histoire d'amour avec quelqu'un, une histoire qui a duré plusieurs années, ils vivaient sous le même toit, partageaient leur quotidien. Et un jour, son compagnon qui avait 35 ans à l'époque, est mort de façon brutale. Il ne l'a pas accepté. Il ne comprend pas pourquoi lui est toujours en vie. Il est incapable de se reconstruire. Il le sait. Je lui ai dit qu'il faudrait peut-être qu'il en parle avec un psy, il préfère méditer. Il n'a pas eu de relation stable depuis, refusant toujours de s'engager même si en son for intérieur il recherche cette relation stable pour s'épanouir pleinement.
Son compagnon disparu trop tôt avait la même couleur de peau que moi, et ça n'est pas un hasard. Je pense que je lui rappelle beaucoup de choses, et je ne sais pas si c'est vraiment une bonne chose. On ne peut pas vivre toute sa vie au passé.
Difficile de se dépêtrer d'un passé envahissant. J'espère pour lui qu'il réussira à s'en affranchir un jour...
Rédigé par : Tambour Major | 13/02/2012 à 10:39
Beau billet et triste histoire.
On ne peut pas rendre les gens heureux sans leur consentement et leur participation mais c'est frustrant, fatiguant et douloureux de les voir s'enfermer avec des démons contre lesquels on ne peut pas lutter.
Impuissance et échec face aux problèmes de l'autre et finalement, un immense sentiment de gâchis parce qu'on sait que, sans ça, on avait tout pour être heureux, à tout le moins éprouver de grands bonheurs communs.
Et on ne peut même pas leur en vouloir de faire des victimes corollaires, parce qu'on les aime.
Rédigé par : Kynseker | 13/02/2012 à 22:24
>TM. Je le lui souhaite de tout mon coeur!
>Kynseker. Sentiment d'impuissance et de gâchis, oui, mais qque part je me dis que tout est encore possible.
Rédigé par : Patrick Antoine | 14/02/2012 à 00:16
Oui je suis d'accord avec toi : tout est encore possible. Il est abîmé, c'est un fait. On le serait à moins. Tu lui rappelles sans doute (peut-être ?) beaucoup de choses ? Mais c'est ainsi que les regards s'aimantent...
Rédigé par : christophe | 14/02/2012 à 16:40