C'était vendredi dernier, ça se passait sur Facebook. Sur le mur de son profil un ami avait passé une vidéo d'un contre-ténor dont je n'avais jamais entendu parlé avec un commentaire très laudatif. Etant généralement plutôt d'accord avec les goûts musicaux de l'ami en question, j'avais cliqué pour écouter. C'était superbe!
Alors j'avais noté le nom du chanteur, Valer Barna-Sabadus et cherché sur la toile ce qu'il avait bien pu faire, parce que ce nom m'était complètement inconnu. Parce que, même si j'écoute beaucoup moins de musique classique qu'à une autre période, je reste toujours un peu à l'affût de ce qui s'y fait, des nouvelles têtes, des différentes nouveautés qui sortent. Et là, rien, le nom m'était totalement inconnu.
Dès le lendemain j'ai réparé l'outrage. Aprés avoir retiré mon dossard pour la course du dimanche à Neuilly, je suis passé à la Fnac des Halles, l'endroit où je sais pouvoir trouver tout ce que je cherche (et croyez moi, ça devient rare, maintenant tout le monde voudrait qu'on commande sur internet ou simplement qu'on télécharge). J'en suis sorti avec deux disques sur lesquels figurait le nom de Valer Barna-Sabadus; un récital de Hasse et un opéra de Vinci, l'Artaserse.
Pour des raisons pratiques (l'opéra dure trois heures) j'ai commencé par le récital consacré à Johann Adolph Hasse: un drame musical, Didone abbandonata, et une cantate de chambre, La Gelosia. Comment dire... je n'ai pas été emballé. C'était beau, sans aucun doute, c'était agréable, mais à aucun moment je n'ai eu le frisson comme quand j'avais découvert un Philippe Jaroussky ou un Cyril Auvity. Indubitablement c'était très bien, mais pas d'extase, pas de ravissement, pas de transport.
Nous savons tous que la voix est portée par les voyelles et que les consonnes ne sont que des coupures de l'émission du souffle. Pour cette raison, il est plus facile de chanter des langues à voyelles que des langues à consonnes, et l'italien est une langue magnifique pour le bel canto. Mais quand les chanteurs ne chantent que les voyelles le texte devient vite incompréhensible. En écoutant ce drame et cette cantate de chambre, j'avais l'impression de ne rien comprendre, d'écouter de la bouillie. Certes la bouillie était mélodieuse, mais du bel canto chanté avec des marrons chauds dans la bouche et en oubliant les consonnes ça ne me transporte pas.
Le lendemain j'ai écouté l'opéra, une merveille attendue. Cinq contre-ténors (dont mes chouchous Philippe Jaroussky et Max Emanuel Cencic) et un ténor dans la distribution, ça ne pouvait être que bien. Et c'était bien. J'ai eu des moments de ravissement, des moments de plaisir.
Mais curieusement j'ai été surpris par de très beaux airs dont je ne reconnaissais pas la voix, des airs vraiment magnifiques, et en regardant le livret j'ai constaté que c'était Valer Barna-Sabadus qui chantait. Je n'ai pas compris. Comment pouvait-il autant me ravir dans cet opéra et me laisser quasi indifférent dans cette cantate? J'ai douté de mon oreille, de ma mémoire auditive, j'ai écouté à nouveau la cantate de Hasse. Non, vraiment non, elle ne me convient pas. Une explication? La prise de son peut-être? L'orchestre? Effectivement l'orchestre qui accompagne la cantate a un son beaucoup plus profond et confond parfois pompe et lourdeur, mais est-ce que ça suffit à expliquer cette différence d'appréciation? Je me questionne encore.
Une chose est certaine: j'ai adoré l'opéra, et je vous le recommande vivement (si vous aimez ce genre musical, évidemment). Artaserse de Leonardo Vinci, avec Philippe Jaroussky, Max Emanuel Cencic, Daniel Behle, Franco Fagioli, Valer Barna-Sabadus, Yuriy Mynenko, accompagné par le magnifique Concerto Köln sous la direction de Diego Fasolis.
(je réserve mon avis pour le disque consacré à Hasse)
Je connais Vinci pour avoir joué (dans ma jeunesse) une sonate our flûte qui était superbe.
Hop, j'achète de suite l'opéra ! Merci
Rédigé par : Kigou | 12/10/2012 à 16:42
>Kigou. Ce n'est pas du tout le même univers, mais tu me diras.
Rédigé par : Patrick Antoine | 14/10/2012 à 20:21
Acheté le disque ! Je l'écoute en boucle. Superbe musique. Interprétation de haut vol, avec une préférence pour Jaroussky et Fagioli. Je n'ai jamais vraiment apprécié Cencic (belle technique mais je n'aime pas le timbre).
J'attends avec impatience le concert du 11 décembre au Théâtre des Champs Elysées où sera donnée cette oeuvre !
Rédigé par : Kigou | 18/10/2012 à 12:10
>Kigou. J'avoue que pour moi aussi s'il devait y avoir un point faible dans cet enregistrement ce serait Maxou. Et pourtant je l'aime beaucoup par ailleurs.
(tu me fais penser que ça fait une éternité que je n'ai plus été au TCE)
Rédigé par : Patrick Antoine | 19/10/2012 à 22:09