Il y a un deux semaines, j'ai été voir Miss Knife, personnage incarné par Olivier Py en tour de chant, à l'Athénée, un petit théâtre du côté de l'opéra Garnier. J'ai bien aimé. Parce que j'aime bien l'univers de ce personnage, parce que le CD "Les ballades de Miss Knife" fait partie des disques que j'écoute régulièrement et avec toujours autant de plaisir depuis des années.
Pourtant au début j'ai été un peu désarçonné. Il a commencé à chanter, et c'était des chansons que je ne connaissais pas. A t-il sorti un autre album? C'était un récital de chansons jamais entendues, à l'exception de trois qui étaient dans l'album que je possède, dont ma préférée "le tango du suicide".
Cependant l'univers restait le même, l'univers d'un homme aux histoires d'amours fugitives et malheureuses, l'univers d'un homme qui vieillit et qui ne s'aime pas, un univers teinté d'amertume et de névroses. Mais j'aime bien le côté ironique et cynique des textes de ses chansons, même si parfois je les trouve un peu trop aigries pour moi.
Je crois que la différence fondamentale entre Miss Knife et moi, c'est que moi je m'aime, j'ai fait la paix avec mon corps, j'accepte de le voir vieillir, et j'y trouve même une certaine sérénité. L'âge me rend zen et m'aide à relativiser. Après tout, nous ne faisons tous que passer dans ce monde, memento mori.
Miss Knife ne s'aime pas, semble apprécier de n'être utilisé qu'en objet, et chante de très belles chansons sur ses étreintes fugitives dans les pissotières des gares et ses rencontres qui s'achèvent au lever du jour.
Miss Knife aime les hommes avec du poil et même les gorilles. Est-ce pour cela qu'il garde ses poils? Son personnage n'est pas féminin, a du poil sous les bras et sur les jambes. On se demande même pourquoi le personnage existe, tant le chanteur semble si pressé d'enlever ses oripeaux. La perruque, le maquillage, les bijoux, tout disparait assez vite. En fait on a juste l'impression que c'est un artifice pour vaincre le tract et monter sur scène, mais qu'après ça ennuie et que la créature se sent beaucoup mieux en petite culotte avec des talons (un complexe de taille peut-être?).
Evidemment le personnage n'est pas plus sympathique que ça, et ça va bien avec les amours éphèmères et le côté kleenex, mais j'ai tout de même passé un très agréable moment à regarder cette créature se débattre et se vautrer dans son univers sans soleil, sans issue, no future. Le petit jeune à mes côtés aussi, et ça m'a beaucoup surpris. Comment à vingt ans peut-on apprécier toute cette morbidité et cette aigreur de fin de vie? Les jeunes d'aujourd'hui me sont décidément incompréhensibles...
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