Comme tous les ans à la même date, c'est aujourd'hui la Saint Sida. Les média vont en parler pour se donner bonne conscience, et dès demain la vie continuera son cours. On continuera à diminuer les allocations données aux associations qui luttent contre la maladie, on continuera à fermer des hôpitaux, on continuera à laisser la maladie se propager.
De même que pour la lutte contre la famine dont tout le monde sait qu'on pourait la gagner si on le voulait vraiment, la lutte contre la propagation du sida n'est une priorité pour aucun état. On préfère s'assurer de l'équilibre de son système financier et s'assurer que les actionnaires et les capitalistes continueront à engranger des sous sur le dos de ceux qui travaillent vraiment. Les vies humaines au regard des enjeux financiers n'ont que peu d'importance.
C'est devenu tellement peu une priorité que les publicités pour l'utilisation du préservatif se sont considérablement réduites. Aujourd'hui l'action est mise sur le dépistage. Contaminez-vous, contaminez-vous, et plus vite vous serez sous traitement, plus vite on gagnera des sous sur votre santé. Telle est la réalité d'aujourd'hui.
Dans la période d'homophobie largement acceptée si ce n'est causée par l'état qui nous gouverne actuellement, on aurait pu penser qu'il y aurait un peu plus de monde que d'habitude à cette manifestation du 1er décembre. Mais non. J'ai même l'impression qu'il y en avait même moins que les années précédentes. Le froid peut-être? Le froid n'a jamais empêché quelqu'un de révolté de crier sa révolte.
A l'heure de la manifestation d'Act Up, beaucoup faisaient leur shopping, ou préparaient leur dîner, ou se demandaient ce qu'ils allaient faire de leur soirée. Si l'un des slogans de la manif était " Sida, on meurt, sortez d'l'happy hour!", ce n'était pas un hasard. La manif passait dans le Marais et les pédés habituels buvaient tranquillement leur bière en nous regardant passer. Les dindes s'en foutent, tant qu'elles ne se font pas plumer, le monde peut bien s'écrouler.
Dans un monde vraiment militant, on pourait rêver que les établissements gays ferment leur vitrine en solidarité pendant le temps de la manif. Dans un monde vraiment militant il y a longtemps que l'égalité serait obtenue pour bien des choses. Mais le pédé moyen est aussi peu concerné par la façon dont il est accepté dans la société que l'hétéro moyen est concerné par la politique et l'action des gens qui le gouvernent.
Alors que le pédé moyen ne s'étonne pas après s'il reste et demeure un citoyen de seconde zone!
Tu as raison, sur toute la ligne. Mais la résignation est un signe des temps auquel il ne faut justement peut-être pas se résigner mais qui est.
Rédigé par : Olivier Autissier | 02/12/2012 à 00:07
Triste et juste constat
Rédigé par : orpheus | 04/12/2012 à 11:19