Dire que j'ai aimé ce documentaire de Sébastien Lifshitz serait en deça de la réalité. J'ai adoré ce documentaire, j'ai été dedans à 100%, j'ai aimé voir et entendre tout ce que j'y ai vu. J'ai ri, j'ai appris, j'ai eu la larme à l'oeil, j'ai frissonné, j'ai vibré, un grand moment. C'est le genre de documentaire que tout le monde devrait voir et qu'on devrait projeter dans les écoles et les centres de formation. Un must, une obligation.
J'ai aimé ce couple de femmes qui a eu le courage d'abandonner une vie parisienne assez bourgeoise pour élever des chèvres sur le plateau d'Albion, cet homme qui ne s'est jamais vraiment posé de questions sur sa sexualité sans pour autant jamais s'engager, cette femme qui après une vie bien hétéronormée de mère de famille se lâche autour de la quarantaine et milite pour la libération de la femme et le droit à l'avortement, cet homme qui fuit ses sensations et part en coopération en Afrique en pensant se fuir mais qui finit quand même par se retrouver face à ses contradictions et se fait outer par une couverture de Paris Match avant de se laisser enfin vivre, ces deux vieux qui se sont rencontrés après 70 ans parce que l'un ne supportait pas la solitude et avait passé une annonce, ces deux autres qui se sont croisés dans un rétroviseur et élèvent ensemble des oiseaux et rêvent en visitant une chapelle à un possible mariage, j'ai tout aimé.
Et surtout j'ai aimé le côté militant de toutes ces vies qui se déroulent sous nos yeux et la vertu pédagogique de ce témoignage. Au delà du temps qui a passé, on se rend compte que des choses ont évolué, mais que certains combats sont toujours à mener. Si aujourd'hui l'homosexualité n'est plus une maladie mentale, et l'un des protagonistes nous rappelle que c'est une évolution somme toute très récente, ce que dit un autre sur le fait que nous sommes acceptés tant que nous restons invisibles est toujours vrai. Le vrai scandale, à l'époque déjà, et aujourd'hui encore, ce n'est pas vraiment d'être homosexuel, mais de l'affirmer et de refuser de vivre caché.
Quand j'entends cette femme qui parle de la contraception inexistante dans son enfance et de toutes ces femmes qui avaient des enfants qu'elles n'avaient pas réellement voulus et de ces autres qui avortaient clandestinement au péril de leur vie, je ne peux m'empêcher de remarquer qu'aujourd'hui encore le droit à l'avortement est un droit qu'il est difficile de faire valoir. La condamnation populaire est souvent toujours existante, sans compter les manifestations anti-avortement devant les cliniques et les médecins qui refusent de les pratiquer par "liberté de conscience". Il y a aujourd'hui un recul assez effrayant sur cette liberté des femmes à disposer de leur corps.
Et même si mai 68 est passé par là et a soit-disant libéré les moeurs, on ne peut s'empêcher en regardant le paysage actuel concernant le mariage pour tous que l'égalité homo/hétéro reste un combat à combattre.
Faut-il le rappeler, mais aujourd'hui encore il y a des jeunes qui se font mettre à la rue parce qu'ils sont homosexuels, il y a des familles qui rejettent l'un des leur parce qu'il n'a pas la bonne sexualité, il y a des entreprises qui vous discriminent à l'embauche ou vous licencient quand ils découvrent votre sexualité, il y a des gens qui meurent dans la rue attaqués et battus parce qu'ils sont une atteinte à l'hétérosexualité.
L'égalité est un combat qu'il faut continuer à mener, éternellement, laborieusement, tel un travail de Sisyphe, un travail sans fin. Ce film peut aussi le rappeler à ceux qui auraient feint de l'oublier. Pour ma part, certaines images que j'ai pensé issues des UEEH (Universités d'Eté Euroméditerranéennes des Homosexualités) m'ont donné envie d'y aller, de découvrir cette communauté de pensée et de resourcement.
Un documentaire qui restera un grand moment de mon évolution personnelle. A voir absolument!
Je l'ai vu dimanche dernier avec mon ami Toph...
Une vrai merveille !
Il en reste des combats à conduire.
Rédigé par : mume | 09/12/2012 à 22:06
>Mume. Oh oui, il en reste des combats à mener!!
Rédigé par : Patrick Antoine | 19/12/2012 à 18:38