Un film du réalisateur Eytan Fox est un film que j'essaie de ne pas manquer, ayant jusqu'à ce jour toujours beaucoup aimé ses réalisations. Evidemment j'avais vu Yossi & Jagger à l'époque où il était sorti, et l'idée d'une suite à ce film m'intriguait. Comment faire une suite à un film où deux hommes s'aiment et où l'un des deux meurt? Dix ans plus tard le temps devrait avoir fait son travail de deuil.
Justement non. Dans ce film où on retrouve Yossi dix ans après, le deuil n'a pas été fait. Yossi continue à vivre dans le passé, et sa vie sentimentale se réduit à des expédiants informatiques ou des rencontres furtives purement sexuelles. Jusqu'au jour où il croise dans l'hôpital où il travaille la mère de son amoureux défunt. C'est le déclic pour faire un voyage qu'il n'a jamais fait.
En chemin il croise un groupe de jeunes conscrits qui ont râté leur bus et propose de les transporter dans sa voiture. L'un des quatre militaires en goguette est ouvertement gay et lui fait du rentre dedans. Yossi fait semblant de ne pas s'en apercevoir, ne comprend pas, n'imagine même pas qu'on puisse le désirer. Il a nié son corps et ses émotions pendant ces dix dernières années, et ce petit jeune au corps parfait le surprend un peu. C'est une autre génération, une façon de vivre complétement différente, une homosexualité beaucoup plus facilement vécue.
Je n'ai pas été enchanté par ce film. C'était sympathique, c'était agréable à regarder, mais pas de quoi rester dans mes annales cinématographiques. Le résumer à une bluette gay serait tentant, c'est à peu près ça. Ok, on y parle aussi de choses moins légères, comme la difficulté à faire son deuil quand il est caché, la difficulté à accepter un corps quand on a appris à ne plus se regarder dans un miroir qu'avec dégoût, la question de la différence d'âge dans un couple, mais ces sujets sont à peine évoqués.
Et même si la scène la plus émouvante du film reste pour moi cette rencontre physique où le bel adonis veut garder la lumière allumée pour regarder son amant alors que Yossi veut tout éteindre pour ne pas avoir à croiser une once de son corps qu'il ne supporte plus, j'ai tout de même trouvé qu'il manquait quelque chose dans ce film. Comme si le réalisateur n'avait pas vraiment été au bout de son travail, avait opté pour la facilité en cours de route.
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