La radio était en fond sonore, une émission sur des coups-de-coeur de libraires. Aux mots "terroriste noir" et "tirailleurs sénégalais" mes oreilles se sont dressées et j'ai écouté plus attentivement. J'ai noté le nom de l'auteur sur un bout de papier en prévision d'un passage en librairie.
C'est ainsi que j'ai découvert ce livre de Tierno Monénembo, Le terroriste noir, un livre que j'ai lu d'une traite. J'ai beaucoup aimé l'écriture, la façon dont l'histoire est racontée avec un parler très proche de l'oral, piqué de ci de là de mots de patois local.
L'histoire se passe dans les Vosges pendant la deuxième guerre mondiale. Un noir en uniforme de tirailleur sénégalais est découvert dans la forêt par un homme et son fils partis à la cueillette des champignons. Nous sommes en territoire occupé, l'allemand est partout, que faire?
Je ne vais pas vous en dire plus, il faut lire ce roman. Parce qu'il est bien écrit, parce qu'il est prenant, parce qu'on revit sous les mots de l'auteur une époque où beaucoup ont eu à se positionner au péril de leur vie sur les notions de résistance ou de collaboration. Et il est toujours intéressant de découvrir la petite histoire au niveau humain qui se cache derrière la grande histoire qu'on nous apprend à l'école.
D'autant plus qu'à l'école je serai très surpris si vous me disiez que vous aviez entendu parlé d'un réseau de résistance organisé par un noir. Pourtant ce roman est basé sur une histoire vraie, celle d'un guinéen adopté par un français de passage en Guinée, Addi Bâ. Devenu adulte, l'homme s'engagea en 1939 dans le régiment des tirailleurs sénégalais pour défendre sa patrie adoptive. Fait prisonnier, il réussira à s'échapper. C'est après cette évasion qu'il est retrouvé dans la forêt par les protagonistes de l'histoire de ce roman.
Saviez-vous que les tirailleurs sénégalais n'étaient pas tous sénégalais? La plupart des français ne le savent pas. En fait sous cette appellation on regroupait tous les africains arrachés à leur continent pour défendre une patrie d'adoption imposée, et on les utilisait comme chair-à-canon sans avoir pris forcément la peine de leur inculquer les rudiments militaires de base. Ces tirailleurs sénégalais qui ont versé leur sang pour une patrie qui n'était pas la leur sont de grands oubliés de notre histoire actuelle, personne ne pense à eux quand on honore le tombeau du soldat inconnu. Ce roman vous donnera une occasion de faire amende honorable et de penser à l'un de ses étrangers qui s'est battu pour la défense de nos idéaux.
A noter dans ma liste de livres à lire un jour ...
Rédigé par : Marie-Thé | 26/03/2013 à 07:44