J'ai toujours su que j'étais attiré par les garçons, même si je n'ai pas toujours su ce que ça voulait dire.
Cette nuit pendant l'une de mes insomnies du moment, alors que je tournais dans mon lit, mon esprit a divagué sur ma petite enfance, la période où j'avais six sept ans. Je n'ai aucune nostalgie pour ce temps passé, je n'ai aucune nostalgie de l'enfance. J'étais un enfant qui a eu toujours l'impression qu'il n'était pas à la bonne place, qu'il n'était pas né dans la bonne famille.
Toute ma vie j'ai essayé de partir de chez moi. Alors que je marchais à peine, je m'échappais déjà pour aller avec les bonnes du voisinage. Quand j'avais cinq ans je faisais le mur pour aller jouer dans la rue. Ma première raquette de tennis a été un superbe prétexte pour être toujours ailleurs qu'à la maison. Puis ce fut le vélo, un truc extraordinaire pour vadrouiller tranquillement en liberté. J'ai toujours eu besoin de liberté, d'espace. La maison c'était l'enfermement.
Aujourd'hui encore, alors que la maison c'est la mienne, j'ai tout de même besoin d'extérieur, d'être dehors. Je ne supporte pas d'être enfermé.
Evidemment ce désir de toujours m'échapper n'était pas au goût de mes parents, le jardin était fermé à clef. J'étais donc un enfant séquestré, j'étais supposé jouer dans le jardin avec mon frère et ma soeur. A vrai dire j'aimais encore mieux embêter le chien ou le chat, et je me réfugiais dans la lecture ou je jouais seul aux Lego.
J'ai lu très tôt, c'était un moyen d'évasion extraordinaire. Quand d'autres voulaient des pistolets pour jouer aux cowboys, moi je quémandais des livres. Il y a eu Oui Oui et son ami le nain Potiron, puis le Club des cinq et le Clan des septs, et il y a eu la BD. J'étais abonné à Pif Gadget et Picsou Magazine.
Un jour dans Pif Gadget il y a eu un poster grandeur nature de Rahan. C'est mon souvenir le plus lointain d'un émoi érotique.
D'ailleurs je constate que même maintenant, une quarantaine d'années plus tard, c'est le genre d'homme qui ne me laisserait pas indifférent. Je suis très attiré par les gens qui ont de beaux cheveux (ou une belle barbe, ou un poil vigoureux).
Est-il possible que nos goûts soient déjà déterminés pour le reste de notre vie à un si jeune âge?
J'avoue que j'ai toujours eu un faible pour le fils de Craô aussi. :)
Rédigé par : Matoo | 06/04/2013 à 22:14