Il faisait doux ce soir quand je suis sorti du cinéma et que je suis rentré chez moi à pied après m'être assuré d'avoir trouvé un endroit possible pour un karaoké en semaine. Il faisait doux, il était autour de vingt-et-une heures, il n'y avait pas à ma connaissance de match de foot, toutes les conditions pour que les rues soient envahies de gens qui prennent du bon temps.
Pourtant les rues n'étaient pas envahies, les trottoirs n'étaient pas pleins. Les terrasses des cafés étaient trés peu peuplées, les restaurants paraissaient déserts. Paris ne vit plus. La crise a fait de Paris une ville morte en semaine, une ville qui ne vit plus que le week-end.
Quand je marche je croise de plus en plus de gens maigres, aux joues creuses, ou alors, à l'opposé, déformés par la malbouffe. Je croise de plus en plus de gens qui font la manche, qui demandent une pièce. Parfois même des pauvres invisibles, des pauvres habillés comme vous et moi mais qui vont le ventre vide et demandent une aide.
Il y a quelques temps déjà que j'avais remarqué que le petit chinois de quartier où je prends parfois des plats à emporter est souvent désert. C'est aussi le cas de beaucoup d'autres petits commerces de mon quartier et d'autres quartiers populaires. Certains ferment quand ils le peuvent encore. Même les marchands de viande grillée, kebabs et autres sandwicheries, semblent moins achalandés. Il y a des emplois qui ont été perdus, des intérimaires qui ont été remerciés.
A Paris de plus en plus de gens ne mangent plus à leur faim, de plus en plus d'enfants vont se coucher le ventre vide, j'en ai la certitude. C'est "la faute à la crise" pensent les gens qui n'ont plus d'espoir. Comme si la crise pouvait vraiment être responsable de tous les malheurs du monde.
Non ce n'est pas la faute de la crise uniquement. Non ce n'est pas sans issue. Dans le temps où ces gens qui ont crû au "travailler plus pour gagner plus" se sont appauvris, leurs employeurs se sont enrichis. Les entreprises du cac40 ont multiplié leurs bénéfices, les grands patrons ont multiplié leur salaire. Si une madame Bettencourt gagne un million par jour (!!) ce n'est pas uniquement parce qu'elle le vaut bien, c'est aussi parce que le système politique actuel draîne l'argent dans les poches de ceux qui en ont déjà et accentue les inégalités.
Pourtant les gens sont résignés, ils ne disent rien. Ils ont perdu espoir, ils pensent vraiment que s'ils sont pauvres c'est parce qu'ils le méritent. Ils ont abdiqués, ils ont baissé les bras. Quand on leur parle des prochaines élections ils disent qu'ils n'iront pas voter, que la droite et la gauche c'est la même chose. Je ne leur donne pas tort, la prétendue gauche et la droite affirmée propose toutes les deux le même programme d'asservissement au dieu argent.
Mais il n'y a pas que François Hollande et Nicolas Sarkozy au programme, il y a d'autres choix possibles. On veut nous enfermer dans un système bipartite, nous faire peur avec un vote soit-disant utile. Utile à qui? A la confirmation d'un monde libéral où l'humain n'est qu'un outil de travail comme les autres? Non, il y a d'autres choix, d'autres possibilités. Rien n'est joué, et la révolution peut encore se faire de façon démocratique.
Il y a des options possibles qui reposent sur l'humain, sur le peuple. Il y a des possibilités de gouvernements non asservis au veau d'or qui ne sont pas des utopies. Alors réveillez-vous, ne vous laissez pas abattre, ne laissez pas les gens penser pour vous! Vous avez la possibilité de vous exprimer, alors faites le tant que c'est encore possible.
Moi le 22 avril je vais voter utile, je vais voter pour un monde basé sur l'humain, sur une meilleure répartition des richesses, sur le refus de l'esclavagisme moderne des classes populaires. Le 22 avril, je vais voter Mélenchon, et il ne tient qu'à vous pour qu'il soit au deuxième tour. Rien n'est impossible, il n'en tient qu'à chacun de nous de prendre ses responsabilités.